« Nous voulons impliquer tout le monde dans le Nord dans l’élaboration de cette Stratégie et, visiblement, nous avons encore du travail à faire. »
C’est avec ce constat que le ministre des Affaires indiennes et du Nord Canada, Andy Scott, a conclu la rencontre publique sur la Stratégie pour le Nord qui avait lieu à l’Assemblée législative des TNO, le 14 mars. Le ministre Scott, la député de Western Arctic, Ethel Blondin-Andrew et le premier ministre des TNO, Joe Handley y répondaient aux questions du public. Tout au long de la rencontre, des intervenants sont venus signifier leur mécontentement quant au peu de consultations faites au niveau des communautés.
Une représentante du Conseil tribal du Traité 8, la sous-chef de Deninu Kue (Fort Resolution), Diane Giroux, a lu une déclaration aux trois politiciens. Elle est venu annoncer que les Premières nations Akaitcho ne reconnaîtraient pas la Stratégie pour le Nord, et plus spécifiquement le chapitre consacré à la dévolution de nouveaux pouvoirs aux TNO, tant que leurs revendications territoriales ne seraient pas réglées. « Les Dénés Akaitcho ne considèrent pas que ce forum publique constitue une consultation appropriée pour nous qui sommes régis par un Traité signé avec la Couronne en 1900. »
« Les Premières nations Akaitcho et Deh Cho sont toujours en négociations sur les questions qui touchent le territoire et les ressources et pourtant, le gouvernement du Canada tente de transférer nos territoires et nos ressources à une autre entité gouvernementale sans notre consentement », a-t-elle ajouté.
« L’anciennement honorable Stephen Kakfwi », comme l’a présenté le modérateur, Peter Clarkson, a également remis en cause le processus de négociations. L’ex-premier ministre des TNO, un des pionniers de la Stratégie pour le Nord, s’est dit déçu de voir ce qu’était devenu sont projet. Cette Stratégie est rédigée par des fonctionnaires […] Elle est faite pour nous, mais sans nous. » Les gouvernements autochtones et les communautés, a-t-il dit, « se sentent laissés pour compte. »
« Regardez-moi, regardez-nous, a ajouté celui qui s’est dit solidaire des Premières nations Akaitcho et Deh Cho. Nous représentons des gouvernements et nous devons poser nos questions du parquet. »
Ouverture
Dans un point de presse tenu après la rencontre publique, le ministre Scott s’est dit ouvert à revoir le travail fait pour impliquer la population des TNO dans l’élaboration de la Stratégie. « J’ai été interpellé par certaines choses qui ont été dites ce soir [mardi], a dit le ministre. J’en ai noté quelques-unes. […] C’est exactement ça l’esprit d’une consultation : nous agissons en fonction des commentaires que nous recueillons. Les commentaires qui ont été faits ce soir sont que nous devons faire un meilleur travail pour impliquer les communautés autochtones et pour permettre aux organisations non gouvernementales de prendre part au processus. J’en prends bonne note. »
Le ministre des Affaires indiennes et du Nord a également déclaré qu’il comprenait les revendications des groupes de pression qui réclament plus de financement pour participer à la révision des projets de développement comme le Projet gazier du Mackenzie et qu’il verrait à ce que ce problème soit résolu. « Si nous souhaitons que le publique s’implique davantage, il faudra lui fournir les moyens de le faire », a-t-il dit.
Pour sa part, le premier ministre Joe Handley a déploré que les Premières nations du Deh Cho aient refusé de participer au Sommet autochtone et que les Dénés Akaïtcho n’y participent qu’à titre d’observateurs. « Le Sommet autochtone est l’organisation qui représente les leaders autochtones. Si certains groupes régionaux décident de ne pas participer aux négociations nous ne pouvons pas les forcer », a déclaré le premier ministre.
Lors du débat public, le premier ministre avait affirmé qu’il ne voulait pas que des groupes d’intérêts fassent dérailler la Stratégie et qu’il fallait battre le fer pendant qu’il était chaud. «À Ottawa, nous avons un premier ministre qui se préoccupe vraiment du Nord. Nous n’avons pas vu ça depuis Lester B. Pearson. Il faut profiter de l’occasion pendant qu’il est temps. »
Francos
En janvier, la Fédération Franco-Ténoise (FFT) avait, elle aussi, signifié le désir d’être consultée dans les négociations entourant la dévolution de pouvoirs additionnels aux TNO. La FFT a même fait parvenir une plainte à la commissaire aux langues officielles du Canada, car elle affirme qu’en ne consultant pas les francophones, le ministère des Affaires indiennes et du Nord contrevient à une politique fédérale qui prévoit que les groupes minoritaires de langues officielles doivent être consultés dans tout processus de dévolution pouvant les affecter.
Depuis, des rencontres protocolaires ont eu lieu entre la FFT et le ministère. Des lettres d’invitation auraient aussi été envoyées pour organiser une éventuelle rencontre avec les représentants francophones. Mais, au moment d’écrire ces lignes, aucune consultation proprement dite n’a eu lieu.
La Stratégie pour le Nord est un projet ambitieux qui vise à élaborer une politique canadienne pour l’Arctique. Cette Stratégie devrait comprendre des politiques pancanadiennes en matière d’environnement, de changements climatiques, de sécurité nationale, de souveraineté et de développement économique ainsi que des chapitres spécifiques à chaque territoire. Le chapitre des TNO comprendra vraisemblablement un accord sur le partage des revenus provenant des ressources naturelles et une entente sur la dévolution de pouvoirs. Une première ébauche de la Stratégie doit être présentée au courant du mois de mai.