le Mardi 6 mai 2025
le Vendredi 22 avril 2005 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:36 Société

La réponse des femmes

La réponse des femmes
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En mars, le ministère des Affaires indiennes et du Nord Canada et les gouvernements territoriaux ont lancé une campagne pour consulter le public sur la Stratégie pour le Nord. Un questionnaire en sept points intitulé « Élaborer votre Stratégie pour le Nord » a été distribué dans les trois territoires et servira, dit-on, a peaufiner le texte de la Stratégie, à conclure on ne sait plus quand.

Les principaux groupes de femmes des territoires ont pris les gouvernements au mot et se sont réunis, il y a deux semaines, pour établir leurs priorités à ce chapitre. Leur réponse est catégorique : pour bien répondre aux besoins de tous les habitants du Nord, la Stratégie devra faire aux femmes une place égale aux hommes et cela doit être écrit en toutes lettres.

« Nous devons nous assurer que chaque but et objectif de la stratégie soit également regardée sous la lorgnette féminine », indique la présidente du Conseil de la condition de la femme des TNO, Barbara Saunders. « Il faut s’assurer que les femmes soient traitées également et cela doit se lire tel quel dans ce document », insiste-t-elle.

Cela pourrait, par exemple, signifier qu’une clause de la Stratégie stipule que les gouvernements du Nord reconnaissent l’importance du principe d’équité et que l’atteinte de cette équité est une priorité. « En dépit des conventions territoriales, nationales et internationales sur l’égalité des femmes, l’écart demeure toujours très important et particulièrement dans le Nord », insiste Mme Sauders.

Selon elle, une telle reconnaissance permettra d’attaquer à la racine certains des problèmes les plus criants qui affectent le Nord, la violence notamment. « L’approche systémique de la société patriarcale est de rabaisser les femmes, de les opprimer, dit-elle. Dans le cas de la violence conjugale ou de la violence contre les femmes, par exemple, il s’agit d’actes criminels, mais nous ne mettons pas autant de vigueur pour les empêcher parce que ce ne sont que des femmes. »

Mme Sauders estime aussi que la voix des organismes non gouvernementaux (ONG), de même que celle du public en général, n’est pas bien représentée dans l’élaboration de la Stratégie. « Je pense que Joe [Handley] a fait un bon travail en consultant les ONG, dit-elle. Mais ça ne se reflète pas dans le document qui nous a été présenté. Nous avons ce superbe livret où tous les points qui les intéressent sont déjà clairement identifiés. On voit bien qu’il n’y a pas de matière qui vienne de nous. Ce document par du haut vers le bas. On nous dit “Ce sont les principes. Ce sont les enjeux. Ce sont les objectifs. Commentez-les ”. Ça ne marche pas. »

L’intention exprimée par le premier ministre Handley de se dépêcher pour conclure une entente avant le déclenchement probable d’élections fédérale n’est pas non plus de nature à rassurer Mme Saunders. « Évidemment, ils [les gouvernements territoriaux]vont accélérer le processus parce qu’ils pensent que Paul Martin est un ami du Nord », déplore-t-elle. Ce qui aura pour conséquence que les commentaires d’ONG comme la sienne n’auront pas le temps d’être pris en compte.

La présidente du Conseil sur la condition de la femme ne pense pas que les libéraux de Paul Martin soient vraiment à l’écoute du Nord. « Ils ne se préoccupent pas des conséquences du développement économique sur notre culture, tonne-t-elle. Le plus bel exemple de ça c’est le gazoduc. C’est évident que ça va se faire et ce malgré le manque outrancier d’information et les erreurs majeures au chapitre des impacts sociaux de l’Énoncé d’incidences environnementales. Tout cela ne signifie rien pour le gouvernement. Ils veulent que ça se fasse parce qu’ils vont mettre le grappin sur des millions de dollars. »

« C’est leur Stratégie ; ce n’est pas notre Stratégie », tranche-t-elle.