Près d’une trentaine de personnes, dont une dizaine de parents de l’École boréale, ont assisté à la rencontre publique organisée par la Commission scolaire francophone de division (CSFD) au sujet de l’École Boréale, le 21 avril dernier. Lors de cette rencontre, le directeur général de la CSFD, Gérard Lavigne, a présenté le contexte historique et législatif entourant l’École et son fonctionnement, ainsi que les projets en développement à l’école. Le but principal était d’informer les gens sur la portée de l’article 23 de la Constitution canadienne, concernant le droit à l’instruction dans la langue de la minorité, et ses impacts sur la gouvernance des autorités scolaires.
« On voulait aussi corriger quelques interprétations erronées qui circulent dans la communauté », a indiqué Gérard Lavigne.« Par exemple, les gens parlent souvent d’écoles publiques et de l’École Boréale. Or, l’École Boréale est une école publique. C’est seulement la langue d’enseignement qui est différente.
C’est la première partie de la présentation de M. Lavigne, notamment celle traitant des critères d’admission qui a soulevé le plus d’interrogation de la part de quelques membres de la communauté.
La politique d’inscription d’élèves qui ne sont pas des ayants droit (jusqu’à un maximum de 20% de l’effectif total) déplaît à l’autorité scolaire locale. «Il faut reconnaître l’impact de cette politique sur les autres écoles », a réitéré à quelques reprises Brad Mapes, un homme d’affaires de Hay River, reconnaissant néanmoins le caractère positif d’avoir une école de français langue première à Hay River. « Cela [la politique] sème la division dans la communauté ».
Le président de la Fédération Franco-TéNoise, Fernand Denault, a répliqué à la première remarque de M. Mapes : « Quand on regarde ce qui se passe partout au Canada, et ici aussi, on s’aperçoit que c’est l’inverse qui est vrai. Il y a beaucoup plus d’ayants droit qui sont inscrits dans les écoles anglaises que de non-ayants droit inscrits dans des écoles de français langue première » Il a aussi souligné les impacts de l’école sur la communauté, notamment la présence d’infrastructures qui bénéficient à l’ensemble de la communauté.
Citant en exemple les écoles de Yellowknife, M. Denault a souligné que trois commissions scolaires étaient en compétition pour attirer la clientèle scolaire, dont deux offrant des programmes d’immersion en français; une compétition saine et civilisée
Gérer la décroissance? Pour Lorraine Taillefer, directrice de l’École Boréale, il est faux de laisser entendre que la baisse prévisible du nombre d’élèves dans les autres écoles est attribuable à l’École Boréale. «On prévoit une diminution importante du nombre d’élèves dans une école en particulier, mais c’est pas des enfants qui s’en viennent ici. La mairie peut le confirmer : il y a de moins en moins d’enfants à Hay River », explique Mme Taillefer.
Gérard Lavigne précise que des données internes du ministère de l’Éducation démontrent bien cette situation : « Ils ont donné une statistique à cet effet. Il y avait environ 50 élèves qui étaient inscrits et qui ne sont plus inscrits sur aucune liste d’inscription. Ils sont simplement partis.»
En raison des ces chiffres alarmants, il faudra donc que l’autorité scolaire locale apprenne à gérer la décroissance.
D’autres questions ont été soulevées lors de cette rencontre, notamment sur les élèves avec des besoins spéciaux ou encore sur la présence de ressources pouvant aider les parents francophones dont les jeunes n’ont pas accès à un programme de français langue première et qui perdent tranquillement leur langue. Le programme actuel de l’École Boréale s’arrête en septième année.
Très satisfaite de la rencontre, Mme Taillefer n’est pas déçue que seulement une dizaine de parents aient assisté à la rencontre.« Nos parents sont bien informés des enjeux ». Elle reconnaît de plus que certains parents ne voulaient sans doute pas assister à une réunion où quelques membres de la communauté locale allaient de toute évidence exprimer les mêmes arguments contre l’école francophone. « Plus ça change, plus c’est pareil. Au début, ils étaient contre l’immersion puis ensuite contre l’école francophone et maintenant ils sont contre les politiques de l’école », souligne Mme Taillefer.
Gérard Lavigne se dit satisfait de la rencontre qui n’avait pas pour but de convaincre les opposants du programme « On était là pour les informer.»