La présidente de l’Association des parents ayants droit de Yellowknife (APADY), Yvonne Careen, presse les francophones de la capitale de prendre position au plus tôt dans le dossier du centre communautaire.
Avec le dépôt, le 22 avril, d’une poursuite contre le gouvernement des TNO demandant qu’une nouvelle école francophone soit construite à Yellowknife, l’APADY estime que c’est le moment ou jamais de trancher. « Dans la poursuite, nous avons laissé ouverte la possibilité que la nouvelle école fasse partie d’un centre scolaire-communautaire », indique Mme Careen. « Le gouvernement va vouloir savoir ce que nous désirons. La communauté va devoir se brancher. » À L’Aquilon, elle confie que, selon elle, la communauté dispose de moins de six mois pour formuler une position définitive.
C’est dans le cadre d’une soirée d’information sur les centres scolaires-communautaires que Mme Careen a fait ces déclarations. La présentation du directeur du centre scolaire-commnautaire de Legal en Alberta, David Fréchette, avait pour but à peine voilé de créer un consensus en faveur d’un édifice qui réunirait sous un même toit les services communautaires en français et l’école francophone.
Or, à l’issue de la présentation, le président de l’Association franco-culturelle de Yellowknife, Martin Dubeau, était toujours aussi dubitatif. « Nous avons de la misère à faire vivre des petits projets de 2 000 piastres. Est-ce que nous sommes capable de soutenir un centre communautaire ? », a-t-il demandé à l’assistance d’une vingtaine de personnes.
M. Dubeau souligne qu’un des principaux problèmes rencontrés par la communauté francophone de Yellowknife est le faible taux de participation aux activités. Il pense qu’il serait malvenu de construire un centre communautaire greffé à l’école francophone sans avoir l’assurance qu’il sera pleinement utilisé. « Moi aussi j’aimerais ça avoir un beau centre communautaire avec une grande salle, une cuisine et des espaces pour les organismes, dit-il. Mais il va falloir que le monde y aille. » Claude St-Pierre, co-demandeur dans la poursuite pour la construction d’une nouvelle école francophone, pense au contraire qu’un centre scolaire-communautaire contribuera à impliquer les francophones. « C’est l’offre qui va créer la demande », dit-il, insinuant que les francos seront naturellement intéressés à utiliser le centre s’il est attrayant.
Pour sa part, Roxane Poulin, mère d’un enfant fréquentant l’école Alain St-Cyr, pense que la meilleure façon de rejoindre la communauté est de miser sur le scolaire. Un futur centre communautaire aura, selon elle, plus de succès s’il est rattaché à l’école. « Si vous voulez attirer des nouveaux visages, vous avez intérêt à impliquer les enfants », déclare celle qui affirme qu’elle n’aurait jamais assisté à cette rencontre si elle n’était pas un parent.
Un point de vue qui semblait être partagé par le président de la Fédération Franco-Ténoise, Fernand Denault. « Les parents vont tenir le centre en visibilité et lui donner un achalandage », présume-t-il. Il ajoute qu’un édifice unique pour l’ensemble des institutions francophones de Yellowknife solidifiera les liens de la communauté. « En ce moment, nous sommes tous éparpillés, mais nous ne sommes pas fait pour être isolés. »
Vision de rêve
David Fréchette de Legal en Alberta a présenté à l’assistance une vision idyllique des centres scolaires-communautaires. Pour cet homme qui a participé à la fondation de deux de ces centres, cette formule est l’outil de prédilection pour préserver l’identité francophone en milieu minoritaire.
« Maintenant nos enfants sont beaucoup plus fiers d’être francophones », constate celui qui raconte être né dans un village du Manitoba « où on nous assimilait ». Selon lui, l’établissement du centre communautaire a été l’élément déclencheur du renouveau francophone de Legal. Un renouveau tel qu’en 2000, Legal est devenu la deuxième ville officiellement bilingue en Alberta.
Le centre scolaire-communautaire, a-t-il surtout plaidé, permet de bâtir l’identité des jeunes en les mettant en contact constant avec la culture francophone. Il contribue également à l’enracinement des plus vieux en leur donnant un espace pour vivre pleinement leur langue.
En outre, M. Fréchette raconte qu’à Legal le centre scolaire-communautaire a réussi à rapatrié des francophones qui évitaient la communauté auparavant. Le centre a aussi redoré le blason de la communauté. « Les francophones sont devenus les meneurs de la communauté, raconte-t-il. Avant, nous étions les brasseurs de merde. »