le Dimanche 20 avril 2025
le Vendredi 6 mai 2005 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:36 Santé

Quand le bonbon est dans l’emballage…

Quand le bonbon est dans l’emballage…
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Les 3 et 4 mai derniers, une exposition de photos sur la pandémie du sida au Suriname était présentée au Northern United Place de Yellowknife. L’Aquilon y a traîné Jean de Dieu Tuyishime qui, avant d’immigrer au Canada, a pratiqué la médecine au Rwanda, un pays gravement touché, lui aussi, par cette maladie.

La photographe Julia Wong nous reçoit et nous présente ses œuvres. « Elle, c’est une dame qui fait de la prévention du VIH/sida. Elle est infectée, elle-même. C’est une des rares personnes au Surinam à s’afficher comme séropositive. En général les gens se cachent. »

Cette histoire-là, Jean de Dieu la connait par cœur. « C’est un problème dans mon pays aussi. Maintenant, à cause de l’ampleur du problème, les gens parlent plus ouvertement de la maladie. Mais il reste encore beaucoup de travail à faire. »

Prochaine photo. Une activiste explique à des jeunes comment utiliser le condom. « Les gens n’utilisent pas le préservatif. C’est un gros problème », commente la photographe.

« Ouille, ouille, ouille, renchérit Jean de Dieu. Au Rwanda, les gens disaient “on ne goûte pas le bonbon quand il est dans son emballage”. Vous comprenez ? »

Rapidement la conversation tourne au sujet des mythes qui contribuent à la transmission du virus. Au Surinam, raconte Julia Wong, les veuves doivent avoir des relations sexuelles (généralement non-protégées) avec un proche du mari décédé avant de pouvoir se remarier. « C’est pour se nettoyer », explique-t-elle.

Au Rwanda, se rapelle Jean de Dieu, les sidéens croyaient qu’on pouvait se guérir en ayant des relations sexuelles non protégées avec une jeune fille vierge. « Il y a beaucoup d’adolescentes qui se font violer et qui attrapent le sida », déplore-t-il.

Alors Jean cet expo ? « C’est bien, répond-t-il, mais il faudrait aussi montrer des images des victimes du sida. Voir les gens qui lutte c’est bien, mais il faut voir contre quoi on se bat. […] Le sida, c’est terrible. Les gens n’ont plus que la peau sur les os. On dirait des cadavres », dit-il le visage crispé de souvenirs.

Une autre partie de l’exposition était consacrée aux indigènes du Guatemala, victimes de répressions de la part du gouvernement guatémaltèque. Une photo montrait une manifestation organisée contre l’ouverture d’une mine d’or opérée par une compagnie canadienne. « Les manifestants, explique la photographe Lori Willocks, sont opposés à la mine car ils craignent qu’elle ne contamine leurs terres agraires. Les mines d’or laissent de dépôt d’arsenic. »

Mais ça, c’est une autre histoire…