Finalement une bonne nouvelle! Après quelques journées de grisaille où une bonne partie de l’attention du public canadien était tournée vers le scandale des commandites et ses répercussions politiques, voilà qu’une petite percée de soleil se pointe à l’horizon : Impérial annonce l’interruption de certaines activités du projet d’exploitation du gaz du Mackenzie.
Bonne nouvelle?
Oui! Car trop de questions restent encore en suspens dans ce dossier. En résumé, ce que la compagnie passe comme message c’est : « On trouve que ça va pas assez vite pour prendre notre gaz et l’envoyer en Alberta». Et c’est là que le problème commence.
Notre gaz! Il y a toute une série de règles juridiques, de pouvoir constitutionnel et de partage de compétences au Canada quant aux droits de propriété des ressources naturelles, en commençant par l’Acte de l’Amérique du Nord britannique de 1867, ou des gens du triangle Toronto-Montréal-Ottawa avaient décidé que les ressources naturelles appartiendraient aux gouvernements provinciaux dans les provinces et au gouvernement fédéral dans les Territoires. Le droit des Premières nations dans ce premier acte d’expropriation? Disons simplement que moins de 20 ans plus tard, Louis Riel allait être pendu pour avoir été mêlé à la rébellion des Autochtones de l’Ouest. Ils avaient tout juste le droit de chasser et de pêcher s’ils ne dérangeaient pas trop les voisins, derrière leurs clôtures
À qui ça appartient ce pétrole? C’est pas parce qu’il n’y a pas de clôture ou de bout de papier signé que c’est à personne. Les gisements en question sont sur des terres inuvialuites et gwich’in et c’est d’abord à eux de décider le sort de ces gisements.
Une fois cette question résolue, il y a ensuite toute la controverse autour du tracé du pipeline qui passera, encore une fois, sur des terres qui ne sont pas clôturées; les terres du Sahtu, celles du Deh Cho et finalement celles du Déné Tha (en Alberta). Mais voilà qui déplaît aux promoteurs du pipeline: ces groupes autochtones insistent pour poser des conditions avant d’accorder un droit de passage. Les terres du tracé n’appartiennent ni aux gouvernements, ni aux pétrolières, ni aux Autochtones du Delta du Mackenzie, ni à des groupes de pression du Sud. C’est aux gens du Sahtu, du Deh Cho et du Déné Tha de prendre la décision.
Avec la Constitution de 1982, la donne a changé. C’est maintenant un droit fondamental des peuples autochtones que de s’autodéterminer, clôture ou pas clôture. Même si les grandes pétrolières sont les propriétaires (sic) d’un gouvernement provincial (l’Alberta) et espèrent bientôt être les propriétaires d’un gouvernement fédéral (advenant une victoire des troupes de Harper), le sort du pipeline appartient aux Autochtones du Nord, point final.
Mais rassurez vous, c’est juste du chantage, un son de cloche discordant dans l’allégresse économique du Nord. Y’a trop de milliards en jeu pour ça.