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le Vendredi 13 mai 2005 0:00 Francophonie

Un travailleur bilingue en moins aux postes

Un travailleur bilingue en moins aux postes
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Il y a un poste bilingue en moins au comptoir de Postes Canada de Yellowknife. La société d’État a récemment décidé qu’un seul guichetier pouvant s’exprimer en français était suffisant pour desservir la population de la capitale ténoise.

Depuis 1982, deux employés bilingues à temps plein complètent en théorie l’équipe du comptoir postal du centre-ville de Yellowknife. Mais un de ces postes est vacant depuis un peu plus d’un an. Plutôt que de le combler, Postes Canada l’a supprimé. « Ce poste n’existe plus », confirme François Legault, un porte-parole de Postes Canada, de son bureau d’Ottawa.

La section locale du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) considère que cette décision va à l’encontre de la convention collective. « La convention stipule que nous devons offrir le service en français quand le nombre le justifie », indique la présidente de la section de Yellowknife du STTP, Loretta Kaminski. Selon elle, avec un seul employé bilingue, il sera impossible de satisfaire la demande.

Les quarts de travail des guichetiers sont entrecoupés de quarts dans l’arrière-boutique, explique-t-elle. « En général c’est une semaine au guichet, une semaine à l’arrière boutique », précise Mme Kaminski. Le service bilingue ne pourra donc être offert que 50 % du temps. La présidente de la section locale du STTP ajoute que le service ne pourra pas, non plus, être assuré lorsque le seul guichetier bilingue sera en vacances ou en congé de maladie.

Lorsqu’on lui demande s’il serait possible, au moment même où l’entrevue à lieu, d’obtenir le service en français au comptoir de Postes Canada de Yellowknife, Loretta Kaminski répond sans hésiter. « Non, pas en ce moment. L’employé bilingue est en pause d’une heure pour dîner. »

Cette semaine, le STTP a déposé un grief contre Postes Canada pour que le second poste bilingue soit rétabli. « C’est le bureau de Winnipeg qui est en charge du dossier maintenant », dit-elle. Une pétition à cet effet circule également à Yellowknife. On peut la signer en se rendant à la maison Laurent-Leroux, située sur la 48e rue.

Du côté de Postes Canada, on ne compte pas ouvrir, à nouveau, un second poste de guichetier bilingue à Yellowknife. « La décision a été prise », déclare François Legault.

Selon le porte-parole, les services en français sont assurés à Yellowknife. « Selon les données que j’ai, le nombre d’employés bilingue est suffisant pour assurer le service en français en tous temps », assure-t-il. En plus de l’employé à temps plein, dit-il, le comptoir de Yellowknife compte aussi « quelques » employés à temps partiel bilingues. Il évoque aussi la présence d’un « gestionnaire de zone locale » qui peut également s’exprimer en français. Il admet cependant que répondre au comptoir n’entre pas dans la définition de tâche de ce gestionnaire.

« Il n’y a jamais eu de plainte concernant le service en français, à Yellowknife », d’ajouter M. Legault.

Advenant que l’employeur revienne sur sa décision, Loretta Kaminski ne pense pas qu’il soit forcément nécessaire d’embaucher un nouvel employé. Selon elle un employé déjà en poste pourrait très bien suivre une formation pour être en mesure d’offrir le service bilingue. « C’est prévu dans la convention collective », ajoute-t-elle. François Legault affirme que Postes Canada est prête à donner cette formation si le besoin s’en fait sentir. Notons cependant qu’aucun employé n’avait signifié un intérêt pour une telle formation, au moment où le poste bilingue est devenu vacant, l’an dernier.

En attendant, le seul employé bilingue du comptoir serait-il disposé à arborer un signe ostensible qui l’identifie clairement comme pouvant offrir le service en français – une épinglette Bonjour, par exemple ? « C’est une question qui devrait être discutée avec le syndicat, réponds Mme Kaminski. Je ne peux pas prendre cette décision seule et sur-le-champ. »