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le Vendredi 20 mai 2005 0:00 Environnement

Les Déné Tha veulent être consultés

Les Déné Tha veulent être consultés
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Le 17 mai, la Nation Déné Tha a intenté un recours judiciaire contre le gouvernement fédéral. La nation dont le territoire ancestral est situé au Nord-Ouest de l’Alberta estime qu’elle devra être consultée avant que le Projet gazier du Mackenzie (PGM) n’aille de l’avant.

Les Déné Tha se disent concernés par le mégaprojet de 7 milliard de dollars, car leur territoire ancestral est situé là où aboutira le gazoduc du Mackenzie. Un autre gazoduc qui ferait le lien entre le PGM et le réseau gazier albertain est d’ailleurs projeté sur le territoire Déné Tha.

Selon les Premières nations, les deux gazoducs devraient être considérés comme n’étant qu’un seul et même projet puisque l’un ne va pas sans l’autre.

« La poursuite des Déné Tha met d’abord l’emphase sur le problème que cause la séparation du projet [en deux pipelines] », explique l’avocat des Déné Tha, Robert Janes. La ligne de défense de la nation albertaine est que, étant donné que le PGM entraînera forcément la construction d’un gazoduc sur leur territoire, ils auraient dû être consultés, eux aussi, dans l’établissement des mécanismes de révision du PGM. La demande principale des Déné Tha est de suspendre le processus de révision entamé par la Commission d’examen conjoint tant et aussi longtemps que les préoccupations de leur nation n’auront pas été entendues.

Cette poursuite rappelle celle intentée par les Premières nations du Deh Cho en septembre dernier. Le Deh Cho estimait que la Commission d’examen conjoint n’était pas un organisme habilité à les représenter équitablement et demandait également que le processus de révision soit suspendu.

« Nous avons effectivement des préoccupations similaires [au Deh Cho], convient Robert Janes. Ils ont été exclus du processus de révision de la même façon que les Déné Tha. » L’avocat raconte que les Déné Tha ont d’abord tenté de négocier une entente à l’amiable avec le gouvernement fédéral et que c’est devant les refus répétés des offres de la nation que la solution judiciaire a enfin été envisagée.

En outre, la nation dont les revendications territoriales ne sont pas établies affirme qu’une partie de leur territoire ancestral se trouve sur la route du PGM, aux Territoires du Nord-Ouest. « Le territoire des Déné Tha va au-delà de la frontière des TNO et le gazoduc du Mackenzie traversera ce territoire que l’on tienne compte ou non du gazoduc adjacent. », de déclarer l’avocat.

Cette partie ténoise du territoire Déné Tha fait également partie des revendications territoriales des Premières nations du Deh Cho.

S’il convient qu’il n’y a pas de communauté Déné Tha aux TNO, Robert Janes affirme néanmoins que leur territoire ne s’arrête pas à la frontière qui sépare l’Alberta et des TNO. « Il y a des Déné Tha qui utilisent cette partie du sud des TNO comme territoire de chasse et pour d’autres activités traditionnelles », insiste-t-il.

Contrairement au Deh Cho, qui réclame un minimum de deux sièges à la Commission d’examen conjoint, les Déné Tha sont ouverts à différentes solutions. « Nous ne voulons pas nécessairement avoir un siège sur la Commission d’examen conjoint. […] Les Déné Tha n’ont pas de demande fixe sauf qu’ils veulent que leurs préoccupations soient prises en compte », explique Me Janes qui ajoute que le territoire de son client est déjà fortement affecté par le développement pétrolier et gazier de l’Alberta.

Sierra Club

Dès le dépôt de la poursuite au greffe de la Cour fédérale du Canada, à Calgary, le Sierra Club du Canada s’est affiché comme supporter des démarches de la nation autochtone. Le lobby environnementaliste dirige la campagne « Mackenzie Wild », opposée au Projet gazier.

Selon le directeur de la campagne Mackenzie Wild, Stephen Hazell, les Déné Tha ont raison de dire que les deux gazoducs ne sont finalement qu’un seul et même projet. « Le projet de gazoduc Northcentral Crossing [au bout du gazoduc du Mackenzie] fait partie intégrante du PGM. Il servira à acheminer le gaz du Mackenzie à l’industrie des sables bitumineux en Alberta », a-t-il déclaré par voie de communiqué.

Lors d’une visite à Yellowknife, en avril dernier, Hazell avait fait des commentaires similaires. Il affirmait alors que le projet avait été scindé en deux parce que le régime d’évaluation environnemental albertain est plus favorable au développement industriel. « Ils [les promoteurs] se sont dit “nous allons faire passer le PGM d’abord et ensuite le gazoduc Northencentral Crossing rentrera comme une lettre à la poste” », avait-il ironisé en présence des médias des TNO.