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le Vendredi 27 mai 2005 0:00 Francophonie

Il faudra faire avec moins

Il faudra faire avec moins
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Ce n’est pas de gaieté de cœur que la Fédération Franco-Ténoise (FFT) accueille l’entente intérimaire survenue, il y a deux semaines, entre Patrimoine canadien et la Fédération des communautés francophones et acadiennes du Canada (FCFA). Selon le président de la FFT, Fernand Denault, la présente entente annonce surtout qu’il faudra se serrer la ceinture.

L’entente intérimaire bonifie de 4,7 millions de dollars l’enveloppe globale accordée aux communautés francophones minoritaires du Canada. C’est donc dire que les francophones hors-Québec disposent d’un peu moins de 29 millions de dollars pour survivre cette année, soit à peu près 30 dollars par francophone. Cela représente une augmentation de 19 %, dont 11 % seront répartis au prorata des communautés et le reste, à la discrétion de Patrimoine canadien. L’entente prend effet durant l’année financière en cours et n’est valide que pour une durée d’un an (pour plus de précisions lire l’article d’Étienne Alary en page 2).

« Ça va être la façon dont nous allons passer à travers de l’année », annonce Fernand Denault visiblement déçu des résultats des négociations. « Ce n’est pas un gain, commente le président de la FFT. Ça achète tout juste un peu de temps. Nous avons encore des décisions très difficiles à faire. Onze pour cent, ce n’est pas ça, les besoins ; onze pour cent, ça veut dire que nous devrons faire des gros sacrifices. »

Bien qu’il s’agisse d’une augmentation, l’entente conclue le 12 mai demeure très en deçà des demandes initiales de la FCFA. Quand les ententes ont échu, en 2003, la fédération demandait 54 millions de dollars. Puis, en l’absence de négociations, elle avait fait une nouvelle offre de 42 millions de dollars. « Notre dernière position [42 millions], c’était juste suffisant pour maintenir les acquis. Nous l’avions signifiée assez clairement », rappelle le président de la FFT. « C’était clair que du développement communautaire, il n’y en avait pas, parce que ça ne nous le permettait pas. Et là, on ne veut même pas nous accorder ça », s’offusque-t-il.

Aux TNO, ces budgets moins importants que prévus se traduiront par des concessions dans les acquis de la communauté, prévient M. Denault. Il ne veut pas se prononcer maintenant sur les conséquences directes de l’entente, mais le ton est austère. « Quand nous allons avoir les chiffres, dit-il, il va falloir prendre des décisions. Nous ne voulons pas faire ça de façon prématurée, mais nous voulons que tout le monde soit conscient qu’il va falloir gérer nos dossiers d’une façon responsable. » Il ajoute que des réajustements devront aussi êtres faits au sein des associations francophones locales du territoire.

Pressions électorales ?

C’est le 12 mai, au terme d’un marathon de négociations, que la FCFA et Patrimoine canadien se sont entendu pour majorer de 19 % l’enveloppe des Ententes Canada-Communautés. À ce moment, le gouvernement libéral de Paul Martin paraissait pouvoir s’écrouler d’un instant à l’autre. En tout état de cause, on peut se demander si, dans la crainte d’une élection anticipée, la FCFA n’a pas accepté une entente à rabais pour sauver les meubles.

Le directeur général des Programmes d’appui aux langues officielles de Patrimoine canadien, Hubert Lussier, ne souhaite pas entrer dans cette discussion. Il tient toutefois à préciser qu’un règlement rapide était le scénario souhaité par Patrimoine Canadien. «Nous avons toujours dit que nous voulions faire le plus vite possible, dit-il lors dune entrevue téléphonique accordée la semaine dernière. Nous avons commencé à parler aux communautés au mois de février. »

Fernand Denault, lui, est plus catégorique. «C’est certain que les pressions existantes à Ottawa ont joué dans l’équation», affirme-t-il

Discorde

Même s’il se dit toujours solidaire de l’organisme qui le représente sur le plan national, le président de la FFT ne cache pas qu’une discorde semble vouloir s’installer chez une partie des membres de la FCFA « C’est vrai qu’il y a certains bourdonnements », admet-il. Il ajoute que le leadership actuel de la fédération canadienne crée « un inconfort » chez certains membres.

Ces questions seront vraisemblablement débattues à l’assemblée générale annuelle de la FCFA. Celle-ci aura lieu à Vancouver, au courant de la deuxième fin de semaine de juin.

En attendant, la FFT accepte, en se pinçant le nez, l’entente survenue avec Patrimoine Canadien. « Il faut travailler d’une façon solidaire dans le réseau, conclu M. Denault. Une fois qu’une décision est prise, tous les membres ont l’obligation et la responsabilité d’adopter cette position. »