« Si on me met en prison, ben vous m’enverrez des oranges. » C’est ainsi que l’artiste-biologiste Diane Boudreault commente un projet qu’elle désire accomplir cet été : fabriquer et vendre des diamants.
Oui, oui, des diamants. Des vrais diamants canadiens taillés à Yellowknife, dans la matière de prédilection de Diane, le contreplaqué. « Des beaux gros diamants écrits Yellowknife, dessus. J’évalue leur valeur au pouce carré », blague-t-elle.
Cet été, Diane fera à nouveau fonctionner sa shop d’art urbain, au centre-ville de Yellowknife. Avec sa gang de travailleurs « alternatifs », des handicapés intellectuels pour la plupart, elle compte bien mettre un peu de couleur sur les murs de notre capitale.
Elle se rappelle comment la shop a démarré l’an dernier, tout en simplicité. « J’ai réussi à avoir le site en l’échangeant contre une enseigne pour le taxi. Je suis allé à la dump, je me suis trouvé des tables et des chaises. Au marché-au-puce de l’église St-Patrick, j’ai acheté, pour cinq piastres, une tente pour entreposer quelques trucs », raconte-t-elle en s’affairant à peindre des plantes préhistoriques pour le musée de dinosaures de Yellowknife.
Cela reflète bien l’approche artistique de Diane : faire du merveilleux avec des presque-riens. C’est cet esprit qui la pousse, plus souvent qu’autrement, à troquer ses œuvres contre des services ou du matériel plutôt que de les vendre « Moi, j’ai zéro budget », dit-elle comme si elle ignorait que c’était un exploit. Pour son matériel, elle glane, çà et là, dans les quincailleries, des retailles de contreplaqué et des bidons de peinture mal mélangés. « Ça fait leur affaire, parce que ça ne leur coûte rien et qu’ils ont leur nom associé à une œuvre. »
Même si elle fait le gros de la production elle-même elle assure que ses employés ne chôment pas, eux non plus. Chacun d’entre eux agite le pinceau plus souvent qu’à leur tour, sauf Mervin qui est trop handicapé pour peindre « Je me suis toujours dit que si je n’arrivais pas à trouver quelque chose à faire faire à Mervin, c’est que je n’ai plus d’imagination », dit-elle.
Malgré qu’elle y travaille déjà presque tous les après-midi, Diane ouvrira officiellement la shop en juillet, quand elle reviendra du festival Open Sky de Fort Simpson où elle a été invitée à peindre un tipi. « J’ai trouvé une idée qui allie la géologie, l’archéologie et la topologie. Alors, sur le tipi, nous allons peindre les couches, la sédimentation, enfin… »
En attendant, Diane apprécie toujours recevoir vos bouteilles vides pour financer ses activités ainsi que les bouchons de liège qu’elle récupère toujours. À ce propos, elle annonce qu’une nouvelle sculpture flottante est en chantier. « Ce sera une belle grosse libellule. »