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le Jeudi 1 octobre 2020 18:32 Actualités

Santé mentale Le savoir des ainés d’Inuvik mis à contribution

Santé mentale Le savoir des ainés d’Inuvik mis à contribution
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 La Bande autochtone d’Inuvik travaille depuis quelque temps à la mise en œuvre d’un nouveau programme de santé mentale  qui place les connaissances autochtones traditionnelles à l’avant-plan. Le développement du programme, qui aura nécessité un long travail de préparation, devrait officiellement débuter en octobre.

Il sera dorénavant possible pour les membres de la communauté d’Inuvik d’aller échanger avec des ainés qui se serviront de leurs connaissances traditionnelles afin de leur venir en aide. Cette façon d’obtenir un soutien psychologique se révèle fort intéressante pour une population trainant toujours, à ce jour, des séquelles psychologiques des épreuves du passé.
Développé par la Bande autochtone d’Inuvik, le programme de santé mentale s’inscrit dans la mission de l’organisme qui souhaite offrir à sa population des services visant l’amélioration de leur qualité de vie.

Il a entre autres pu prendre forme grâce à plusieurs sources de financement, incluant un don de 4 000 $ dans le cadre du programme Field Law Community Fund, ainsi qu’une subvention de 30 000 $ provenant du Fonds pour les choix santé du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest (GTNO).

« La mise en place initiale de l’espace du camp culturel est le résultat direct des fonds reçus », indique d’entrée de jeu Edward Wright, directeur de la Bande autochtone d’Inuvik. « Nous avons utilisé environ 15 000 $ de l’allocation de 30 000 $ du GTNO pour acheter les tentes dont nous avions besoin, et nous avons également utilisé des fonds de nos propres efforts de collecte de fonds pour compléter le développement physique de la zone du site. »

Les ainés : élément central du programme
La transmission des connaissances par les ainés est un concept connu et reconnu dans plusieurs communautés. « C’est une idée centrale des processus de guérison auxquels les Premières Nations croient fermement par opposition aux concepts occidentalisés de guérison », affirme Edward Wright.

Les sessions, qui se dérouleront de façon individuelle dans un espace de rassemblement traditionnel aménagé derrière le bureau de la Bande, seront propices à la discussion. « Comme toutes les connaissances traditionnelles, beaucoup sont transmises oralement et par le souvenir », ajoute le directeur.

Les ainés participant au programme ne recevront pas d’indemnité financière, mais plutôt de la nourriture provenant de chasses communautaires, par exemple. « Nous utilisons cette approche compensatoire pour ne pas créer de difficultés futures chez les ainés qui ont un maigre revenu de pension fixe et qui verraient leurs pensions réduites s’ils étaient payés en espèces », explique-t-il.

Des blessures du passé encore bien présentes
Le fait de ne pas vouloir faire usage des services occidentalisés comme ceux d’un psychologue ou d’un travailleur social témoigne d’un passé lourd chez les Premières Nations. « Bon nombre de nos membres ne sont pas à l’aise dans ce domaine en raison des mauvais traitements et des souvenirs persistants des pensionnats que beaucoup d’entre nous entretenons encore », explique Edward Wright.

Les peuples autochtones se sentent davantage en confiance de discuter et de prendre des conseils avisés et des directives de leurs propres ainés. « Le transfert des connaissances des ainés est beaucoup, beaucoup plus apprécié par les membres des Premières Nations plutôt que d’avoir à parler des traumatismes passés, des dépendances aux substances, des comportements abusifs evers les gens qui représentent encore à ce jour ceux qui nous ont infligé des mauvais traitements », affirme-t-il.

De l’aide plus spécialisée au besoin
Bien que les ainés soient d’un excellent soutien pour les personnes désireuses d’obtenir de l’aide, la Bande autochtone d’Inuvik désire néanmoins pouvoir s’appuyer au besoin sur d’autres personnes.

« Les prochaines étapes consistent engager une ou deux personnes qui ne font pas partie de nos membres, qui ont une formation clinique et qui pourront fournir des conseils dans certains cas particuliers, car nous ne sommes pas certains que chaque individu aura des problèmes faciles à résoudre et nous ne savons pas si les ainés disponibles auront un moyen acceptable ou la volonté de s’engager activement avec les membres », conclut M. Wright.