Que faire si vous jugez subir du harcèlement au travail ? Quels sont vos devoirs, en tant que patron, face à une telle situation ? Employés et employeurs des TNO ont désormais accès à une panoplie de ressources pratiques leur permettant de répondre rapidement à ces questions.
Après plus d’un an de recherche et de consultation à travers le territoire, le conseil du statut de la femme des TNO lançait officiellement, le 31 mars, son programme « Éducation et information sur le harcèlement sexuel en milieu de travail ». Le tout a officiellement été annoncé le 29 juin, par le ministre de la Justice et procureur général du Canada, David Lametti.
De nouveaux outils
L’organisme déploie depuis ce printemps un éventail de matériel éducatif spécialement adapté aux environnements de travail des TNO. Le tout vise à offrir un ensemble d’informations claires et simples pour lutter contre le harcèlement en milieu de travail. L’organisme dispose d’un financement de 1,56 million de dollars sur cinq ans du gouvernement fédéral pour le projet.
Le contenu est pour l’instant exclusivement offert en anglais. Divisé en trois catégories, le matériel décliné sous forme de livrets, de cartes éducatives et de dépliants, s’adresse aux employeurs, aux employés, ainsi qu’aux personnes potentiellement témoins de cas de harcèlement.
Les employés ont également accès à une formation en ligne gratuite, qui englobe leurs droits et leurs recours, tout en les sensibilisant aux comportements qui peuvent être considérés comme du harcèlement. L’organisme a pour objectif de bâtir des formations semblables au cours des prochains mois pour les employeurs et les alliés.
L’information au grand jour
Jamais auparavant les personnes victimes ou témoins de harcèlement en milieu de travail n’ont eu accès à des informations aussi détaillées, selon la directrice générale du conseil du statut de la femme des TNO, Louise Elder.
« Jusqu’à maintenant, les personnes victimes de harcèlement sexuel en milieu de travail aux TNO devaient se référer aux articles de loi spécifiques à ce type de situation », déplore-t-elle, soulignant également certaines ressources sommaires offertes par la commission des droits de la personne des TNO.
« Au fil de nos recherches et consultations, nous avons pu déterminer que les employés et employeurs des TNO avaient besoin de renseignements clairs et pratiques, faciles et rapides à consulter. Nous avons conçu des outils qui permettent à toutes les parties prenantes de comprendre l’information clé, et ce, sans avoir fait d’études de droit. »
Les diverses rencontres avec les employeurs et employés du territoire ont aussi poussé l’organisme à créer plus de matériel que prévu. « Règle générale, les employeurs disent “non, ce problème n’existe pas dans mon organisation”. Puis les employés nous disent “Oui, ça arrive constamment !” », souligne la directrice.
« Or, nous avons également entendu des personnes qui, sans avoir subi de harcèlement, en ont été témoins. Ces dernières nous disent souvent “Je vois bien que cela arrive autour de moi, c’est une réalité, mais je ne sais pas quoi faire, ni même si je peux agir.” », ajoute-t-elle.
« Nous avons donc décidé d’élargir notre public et d’approfondir les recherches pour créer un matériel plus ciblé pour chaque groupe. Ceci nous permettra, espérons-le, de répondre à des besoins plus diversifiés à travers les TNO », explique Mme Elder.
Un enjeu sociétal
Selon les données publiées en 2018 par Statistiques Canada, aux TNO, une femme sur trois et un homme sur six ont indiqué avoir vécu du harcèlement sexuel en milieu de travail. « C’est tragique, cela se passe tous les jours. Les gens ne savent pas vers où se tourner. Ils ne sont pas certains de leurs droits et obligations, et ils ne savent pas qui est là pour les aider », souligne Mme Elder.
De plus, selon la directrice, plusieurs victimes aux TNO disent craindre les répercussions découlant d’une dénonciation, un enjeu accentué dans les petites collectivités du Nord. « Nous avons sans doute un avantage ici, à Yellowknife, en comparaison aux résidentes de Norman Wells, Kakisa, ou Fort McPhersone, par exemple, où tout le monde se connait. Les victimes des petites collectivités ont peur des répercussions, peur d’être jugées et réprimandées. »
Quelles sont les solutions pour les personnes qui subissent de telles situations dans le Nord ? « Nous aimerions avoir une réponse claire, lance la directrice. Malheureusement, ce sentiment accapare la victime. C’est elle qui aura peur des répercussions, et non pas la personne qui commet des gestes de harcèlement. Nous n’avons pas de réponse facile pour l’instant, malheureusement. Il importe de les informer des recours disponibles, mais un changement doit surtout s’opérer à l’échelle sociétale ».
Dans le cadre de ce nouveau programme, le Conseil du statut de la femme des TNO suggère notamment aux employeurs de mettre en place des mesures de prévention du harcèlement sexuel dans leurs politiques d’entreprises. « Nous aidons les employeurs à incorporer ces mœurs, à réagir face au harcèlement sexuel ou à le prévenir dans leurs politiques », explique Mme Elder.
« Nous avons déterminé qu’il est important de nous focaliser sur la sensibilisation, pour que les gens comprennent et acceptent qu’il s’agit d’un phénomène courant, que cela existe dans leur environnement. Une fois qu’ils l’auront acceptée, on espère qu’ils seront plus enclins à adopter les ressources et à entreprendre les étapes qui mèneront à des changements concrets. »