Un investissement de 53 millions de dollars pour restaurer les forêts boréales et soutenir la biodiversité.

Matériel de reboisement prêt à l’emploi, alors que le gouvernement Tłı̨ chǫ lance un vaste projet de régénération forestière. (Photo Cristiano Pereira)
Le gouvernement fédéral et le gouvernement Tłı̨chǫ ont annoncé un investissement conjoint de plus de 53 millions de dollars pour financer la plantation de 12 millions d’arbres sur le territoire traditionnel des Tłı̨chǫ. Le projet, intitulé Preserving Our Land, Preparing for the Future (Préserver notre terre, préparer l’avenir), s’étendra sur sept ans et prévoit notamment la construction de serres, la création d’emplois locaux et l’intégration de savoirs traditionnels autochtones.
Selon Ressources naturelles Canada, cette initiative vise à restaurer des habitats naturels et à favoriser la régénération de la flore locale. Le projet est également présenté comme un moyen de soutenir des espèces en péril, notamment le caribou boréal, dont l’habitat est fragmenté par les activités humaines et les incendies de forêt.
Le gouvernement Tłı̨chǫ affirme que ce programme permettra de réhabiliter des zones touchées par les feux de forêt et d’accroitre la résilience des écosystèmes face aux changements climatiques. Les fonds alloués doivent servir à la mise en place d’infrastructures de production de plants, à la formation de travailleurs locaux et à la création d’opportunités économiques durables.
Le grand chef Tłı̨chǫ Jackson Lafferty a souligné l’importance de cette initiative pour les communautés locales.
Du côté du gouvernement fédéral, ce projet s’inscrit dans le cadre du programme 2 milliards d’arbres, une initiative qui vise à planter deux milliards d’arbres au Canada en dix ans. D’après Ottawa, ce programme permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre et d’améliorer la capacité d’adaptation des forêts aux changements climatiques.
Un effort de reboisement
Le gouvernement fédéral présente cette initiative comme un élément clé de sa stratégie climatique axée sur la nature. Le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, a défendu l’importance de ce type de projet. « Les arbres nous sont essentiels : ils purifient l’air que nous respirons, rendent notre environnement plus agréable, créent des habitats pour la faune et nous aident à nous adapter à l’évolution du climat », a-t-il affirmé.
Le programme 2 milliards d’arbres repose sur des partenariats avec des gouvernements autochtones, provinciaux et territoriaux ainsi que des organismes locaux. Ottawa affirme que ces collaborations permettent de mieux cibler les zones à reboiser et de s’assurer que les plantations auront un impact positif à long terme.
Selon le gouvernement fédéral, en septembre 2024, plus de 716 millions d’arbres avaient été plantés ou étaient en voie de l’être dans le cadre de ce programme. Chaque projet financé est soumis à un suivi destiné à évaluer la croissance des arbres et l’évolution des sites reboisés.
Un programme en question
Bien que le gouvernement fédéral présente 2 milliards d’arbres comme une initiative ambitieuse, le programme a fait l’objet de critiques. Plusieurs objectifs de plantation ont été manqués ces dernières années. En 2023-2024, sur les 60 millions d’arbres prévus, seuls 46,6 millions ont été plantés, selon Ressources naturelles Canada. L’année précédente, à peine la moitié de la cible avait été atteinte.
En 2021-2022, le gouvernement avait pourtant déclaré avoir dépassé son objectif initial, atteignant 83 millions d’arbres contre les 30 millions prévus. Or, selon une enquête du Devoir en aout 2023, ces chiffres incluaient des arbres issus d’autres programmes fédéraux antérieurs, une méthode critiquée par le commissaire à l’environnement Jerry DeMarco, qui y voyait une forme de « comptabilité créative ».
Le financement du programme a également été revu à la baisse. En 2024, 117,5 millions de dollars ont été investis, loin des 285 millions initialement prévus. L’année précédente, seuls 82,3 millions avaient été déboursés sur les 196 millions annoncés.
Ottawa justifie ces écarts par la complexité du projet et divers obstacles, tels que les contraintes liées à la pandémie et les incendies de forêt. Malgré ces défis, Ressources naturelles Canada affirme que l’objectif des deux-milliards d’arbres d’ici 2030 reste atteignable, bien que l’efficacité du programme à long terme demeure incertaine.