La Commission des droits de la personne des Territoires du Nord-Ouest tire la sonnette d’alarme face à la montée des discours haineux et des comportements discriminatoires dans les espaces en ligne. Dans un communiqué publié le 4 juillet, elle appelle les résidents à s’opposer à la haine et à promouvoir un dialogue respectueux, tant sur internet que dans la vie de tous les jours.
« L’égalité signifie que vous respectez les droits de tout le monde », a déclaré Charles Dent, président de la Commission, dans un échange avec Médias ténois. Et nous voulions encourager les gens à faire ça. »
La Commission souligne que la haine en ligne – qu’il s’agisse de racisme, de misogynie, d’homophobie, d’antisémitisme, d’islamophobie ou d’autres formes de haine – mine les valeurs de dignité et d’inclusion qui fondent le système des droits de la personne dans les TNO. Même si les cas locaux ne sont pas (encore) nombreux, M. Dent estime que la tendance est préoccupante : « On n’en voit pas beaucoup ici, mais on sait que, si les gens se permettent de dire certaines choses en ligne, ça devient plus facile pour eux de faire la même chose dans la vraie vie. »
Si les gens se permettent de dire certaines choses en ligne, ça devient plus facile pour eux de faire la même chose dans la vraie vie.
Au-delà de l’écran
Le président de la commission cite des exemples provenant du sud de la frontière canadienne, notamment aux États-Unis, pour illustrer le danger de banaliser ce type de propos. « Quand les dirigeants se mettent à dire des choses clairement racistes, xénophobes ou misogynes, les gens ont l’impression que c’est acceptable de suivre cet exemple », affirme-t-il.
La Commission rappelle que la haine en ligne ne reste jamais confinée à internet. Elle se propage dans les milieux de travail, les écoles et les communautés, avec des conséquences sur la santé mentale et la cohésion sociale. Selon M. Dent, certains commentaires, même impulsifs, peuvent avoir des effets durables.
« La plupart des gens qui publient ce genre de propos ne réalisent pas ce qu’ils ont fait », dit-il. Au lieu de réagir par des confrontations publiques, il suggère d’aborder les personnes concernées en privé : « Appelez-les. Dites-leur que ça vous inquiète et essayez d’en parler, car c’est comme ça qu’on avance. »
Groupes ciblés
Interrogé sur les groupes les plus visés dans les TNO, Dent mentionne les peuples autochtones et les minorités racisées. « Il faut aussi s’inquiéter de toutes sortes de choses. Il y a de la xénophobie, du racisme, de la misogynie. Les gens ne se rendent pas toujours compte que leurs commentaires peuvent entrer dans ces catégories », note-t-il.
La Commission admet toutefois que ses pouvoirs sont limités en matière de haine en ligne. M. Dent explique que ce domaine relève du gouvernement fédéral, et non des gouvernements territoriaux ou provinciaux. Mais même si elle ne peut traiter directement ce genre de plaintes, la Commission peut aiguiller les citoyens. « Il suffit d’un coup de fil, affirme-t-il. Notre personnel connait bien les enjeux liés à la discrimination. Même si on ne peut pas prendre en charge votre plainte, on a peut-être les moyens de vous aider. »
La Commission insiste enfin sur la responsabilité collective. « On a tous le devoir de promouvoir et de respecter les droits reconnus dans cette loi », dit M. Dent, en citant la Loi sur les droits de la personne des TNO. « Il ne faut pas se taire quand on voit ce genre de chose. »