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le Jeudi 3 septembre 2020 15:54 | mis à jour le 20 mars 2025 10:40 Arctique

Une ferme arctique utilise les énergies renouvelables pour accroitre la sécurité alimentaire…

Une ferme arctique utilise les énergies renouvelables pour accroitre la sécurité alimentaire…
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La communauté de plus de 1 300 habitants expérimente une agriculture atypique dont l’approche est profondément ancrée dans le territoire. L’Arctic Research Foundation, organisme à but non lucratif créé en 2011 à Waterloo, en Ontario, est l’initiateur du projet et souhaite, par cette entremise, accroitre la sécurité alimentaire dans le Nord. Le projet Naurvik, qui signifie « lieu de croissance », a permis une première récolte de laitues et de poivrons dès le mois de janvier 2020.

Les énergies solaire et éolienne mises de l’avant

La serre qui a été aménagée dans trois conteneurs maritimes est chauffée et éclairée grâce à deux éoliennes et à des panneaux solaires.

« L’angle des panneaux solaires est ajustable en fonction de la saison, explique le directeur général de la fondation, Adrian Schimnowski, et ce qui est intéressant c’est qu’au printemps, la neige permet une réflexion du soleil, qui rend les panneaux bien plus efficaces que dans le Sud pour une même surface. »

Alors que les éoliennes fonctionnent davantage en hiver lorsque le vent est plus puissant, tout l’intérêt du projet demeure dans le point d’équilibre à trouver pour l’approvisionnement en énergie, selon M. Schimnowski.

« Les panneaux solaires fonctionnent en été lorsqu’il y a 24 heures de soleil et les éoliennes prennent le relai en hiver lorsqu’il fait nuit et que le vent est plus fort. Nous stockons aussi l’énergie produite dans des batteries qui ont une réserve de cinq jours, et nous utilisons un système de sauvegarde avec un générateur au diésel qui prend le relai si le niveau des batteries est trop faible, car nous devons être prudents », admet-il.

Cinq techniciens originaires de Gjoa Haven s’occupent de la maintenance et continuent d’être formés à distance par les équipes de la fondation : « les techniciens sont excellents et font preuve d’adaptabilité, de résilience et de créativité. »

Les personnes ainées sont également partie intégrante du projet et M. Schimnowski indique que les discussions ont été nombreuses au sujet des prochaines étapes du projet : « Les ainés savent que le climat se réchauffe et qu’il n’y aura peut-être plus de caribou, de bœuf musqué ou d’omble arctique, qui sont une source importante de nourriture. Ils souhaitent avoir une nouvelle source alimentaire, qui se fasse de façon traditionnelle et qui demeure sur le territoire traditionnel. C’est pourquoi dès que nous aurons la possibilité, nous irons avec eux cueillir des plantes traditionnelles médicinales ensemble (afin de les transplanter dans la serre). Finalement, les ainés entrevoient une occasion unique dans ce projet », pense-t-il.

Le 2 septembre 2020, M. Schimnowski ainsi que plusieurs personnes de son équipe entameront une quarantaine de 14 jours à Yellowknife avant de s’envoler pour le hameau afin d’installer du matériel supplémentaire pour la serre.

« Nous allons notamment installer de nouveaux éclairages à D.E.L. pour les cultures, car nous utilisons différents systèmes d’hydroponie (culture hors-sol). »

 

Vers la souveraineté alimentaire au Yukon

À plus de 300 kilomètres au nord de Whitehorse, la ferme de la Première Nation Nacho Nyak Dün fait elle aussi pousser des légumes et des fruits qui sont consommés par ses citoyens. Des radis aux épinards en passant par le chou-fleur ou la rhubarbe, cette ferme est un exemple de la souveraineté alimentaire, selon le directeur général de North Star Agriculture, Sonny Ray : « Il est question de souveraineté alimentaire plus que de sécurité alimentaire parce que la Première Nation Nacho Nyak Dün est propriétaire du terrain, de la ferme et des infrastructures. C’est très important pour la communauté parce qu’elle veut savoir d’où vient sa nourriture. »

Partenaire dans le projet, la société North Star Agriculture, basée à Whitehorse, apporte son expertise en agriculture et s’occupe des opérations de la ferme au même titre que la formation d’un des employés qui est citoyen de la Première Nation.

Opérationnelle depuis seulement 2020, une première collecte a eu lieu à la mi-juin, et la ferme organise des tours hebdomadaires avec les personnes ainées de la communauté afin qu’elles puissent découvrir les infrastructures et rencontrer les personnes qui y travaillent.

« Lorsque nous avons la visite des personnes ainées, nous leur donnons un questionnaire à remplir afin d’avoir leurs commentaires et leurs souhaits pour le futur. Nous faisons, par ce biais, une consultation de base parce que la COVID-19 a chamboulé nos plans. Dès l’automne, nous allons organiser des réunions, rattraper le temps perdu et nous serons mieux préparés pour l’année prochaine. Nous voulons être le plus transparents possible afin que ce projet de ferme soit une réussite », conclut M. Gray.