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le Jeudi 24 septembre 2020 16:38 | mis à jour le 20 mars 2025 10:40 Arctique

Articles de l’Arctique Le Groenland chauffé à blanc

Articles de l’Arctique Le Groenland chauffé à blanc
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La fonte des glaciers du Groenland est en marche et est la conséquence concrète des changements climatiques.
La communauté scientifique n’a pourtant pas perdu espoir dans cette bataille.

Le 21 septembre 2020, le centre de recherche sur la neige et la glace (National Snow & Ice Data Center), associé à la NASA, a rendu public un rapport sur l’état de la calotte glaciaire arctique qui met en lumière la décomposition d’un plateau glaciaire de 100 kilomètres carrés dans l’extrême nord-est du Groenland.

Selon l’institut de recherche basé à Boulder, au Colorado, en subissant de plein fouet les vagues de chaleur venant d’Europe, l’état des glaciers ne cesse de se détériorer depuis plusieurs années et la perte de ce plateau, qu’on appelle « 79 North », fait écho à l’effondrement du glacier Milne survenu fin juillet sur l’ile d’Ellesmere au Nunavut.

Ces évènements sont emblématiques des effets des changements climatiques sur l’Arctique, selon la chercheuse et scientifique au sein du centre de recherches, Twila Moon. « Cette année a été une année exceptionnelle de chaleur dans l’Arctique », rappelle-t-elle.

La fonte des glaces arctiques est le fait de plusieurs facteurs qui incluent le réchauffement atmosphérique, mais aussi le réchauffement de la température de l’océan qui dégrade la glace submergée. « [La température de l’eau] se réchauffe souvent entre 200 et 300 mètres sous la surface de l’océan, note la chercheuse, mais l’eau chaude est toujours capable d’atteindre et d’interagir avec la calotte glaciaire, ce qui provoque une fonte supplémentaire au fond de la banquise flottante et sur les bords de la glace. »

 

Le Groenland sous la loupe

Le Groenland et ses plateaux glaciaires ont montré des signes inquiétants depuis l’année 2000 avec des pertes de glace d’une superficie de deux ou trois kilomètres carrés, mais la décomposition du plateau semblait attendue.

« Nous avons observé des conditions inquiétantes au Groenland depuis un certain temps et nous ne nous attendons pas à ce que la glace perdue se reforme », indique Mme Moon.

L’année 2019 semble cependant une année charnière avec un record de chaleur en Arctique. Entre le 21 et 27 juillet, 13 pays de l’Europe subissaient la canicule de plein fouet avec des records absolus de température en Allemagne avec 42,6 degrés. Cette vague de chaleur a eu un impact sans précédent sur le Groenland qui a connu une fonte des glaces d’une intensité exceptionnelle. « La chaleur atmosphérique de 2019 s’est déplacée sur la calotte glaciaire et a contribué à produire énormément de fonte », précise Mme Moon.

 

La voix des scientifiques pour créer le changement

Chercheuse au sein de l’Institut de géographie de l’université d’Erlanger en Allemagne, Jenny Turton, qui étudie la calotte glaciaire du Groenland depuis plusieurs années, estime qu’il est important pour les scientifiques de parler de leurs recherches aux médias et à la société en général : « En tant que scientifique, je pense qu’il est important de parler à autant de gens que possible, afin que le public réalise ce qui se passe et que le changement climatique est vraiment un sujet important. »

Mme Moon, quant à elle, pense qu’il est fondamental que les recherches scientifiques soient accessibles à tous : « Je pense qu’il est essentiel que le rôle des scientifiques soit de veiller à ce que l’information créée à partir du travail scientifique parvienne aux décideurs, aux communautés et au public. Je ne pense pas que cela signifie que chaque scientifique doit faire le travail de communication lui-même, mais je pense que chaque scientifique est responsable de s’assurer qu’il a élaboré un plan afin que son travail atteigne le public, même s’il ne le présente pas. »