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le Vendredi 20 novembre 2020 14:39 | mis à jour le 20 mars 2025 10:41 Arctique

Remonter la pente des soins de santé au Labrador

Remonter la pente des soins de santé au Labrador
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La Première nation innue de Sheshatsiu, à 42 kilomètres au nord de Happy Valley-Goose Bay, travaille de concert avec le centre de santé Labrador-Grenfell pour améliorer les soins de santé aux Innus du territoire.

Basée dans le chef-lieu labradorien Happy Valley-Goose Bay, l’administration régionale Santé Labrador-Grenfell dessert 37 000 personnes. En plus du centre de santé de 25 lits de Happy Valley-Goose Bay, la région compte 21 établissements, dont deux autres hôpitaux : Labrador City et St. Anthony à la pointe nord de l’ile de Terre-Neuve. Il y a également 14 cliniques communautaires, deux foyers de soins de longue durée et trois centres de santé dans les collectivités du Labrador.

Depuis 2019, avec un financement fédéral, plusieurs projets interculturels mis en place en collaboration avec Mammit Innuat (la Nation innue), le gouvernement du Nunatsiavut qui représente les Inuits du Labrador et Santé Labrador-Grenfell.

« Santé Labrador-Grenfell s’efforce d’améliorer la prestation des services de santé fournis aux peuples autochtones en soutenant la sécurité culturelle dans ses pratiques et dans ses installations. L’autorité favorise une meilleure compréhension de la culture inuite et innue de la région afin de permettre au personnel de fournir des soins culturellement acceptables et d›assurer la dignité et le respect », indique Amanda Macneil, directrice régionale des communications, dans un courriel.

Un fossé culturel
Pour la directrice de la santé et des services sociaux au sein de la Première nation innue de Sheshatsiu, Anastasia Qupee, cependant, le travail ne fait que commencer. Elle rapporte que beaucoup de patients innus lui formulent des plaintes et estiment ne pas avoir reçu des services adéquats.

La Première nation aimerait embaucher des médiateurs qui pourraient accompagner les patients. « Ces personnes auraient un rôle différent des interprètes [déjà en place dans les hôpitaux] et aideraient les patients à trouver les services dont ils ont besoin et défendraient les intérêts du patient également », souligne -t-elle.

Pour Mme Qupee, la collaboration avec l’institution médicale et le gouvernement est nécessaire afin que des sessions de sensibilisation à la culture et à l’histoire des Innus soient fournies à tout le personnel de soins de santé du Labrador.
« Nous avons commencé ce travail récemment, mais nous devons en faire plus. Ces formations doivent être cohérentes et être inscrites dans les politiques afin de s’assurer qu’elles sont bien suivies par le personnel. »

Adapter les infrastructures
Lorsqu’un membre d’une communauté s’éloigne pour des raisons de santé, il est coutumier que des membres de la famille, mais aussi des ainées accompagnent leur proche. Le manque de place pour les accompagnants est un problème récurrent.

« Nous avons besoin de plus d’espace afin d’accueillir pour la nuit deux membres de la famille du patient hospitalisé. C’est l’un des projets sur lequel nous travaillons avec Santé Labrador-Grenfell, mais ce n›est qu›une étape, il y en a beaucoup d’autres que nous devons franchir afin que les gens se sentent à l’aise et en confiance à l’hôpital », pense-t-elle.

Dans une entrevue avec Radio Canada le 7 octobre 2020 réalisée dans la foulée de l’affaire Joyce Echaquan, cette femme attikamekw décédée dans un hôpital du Québec après avoir été insultée par le personnel soignant, le ministre fédéral des Services aux Autochtones, Marc Miller, a indiqué que le racisme systémique était bien présent au Canada et que le gouvernement devait s’assurer maintenant que les médecins et les employés des centres de santé dans tout le pays étaient « formés culturellement afin de réformer le système. »

Il a cependant reconnu que ce travail s’apparentait à une « grosse côte à remonter. »