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le Jeudi 3 Décembre 2020 15:57 | mis à jour le 20 mars 2025 10:41 Arctique

Une seconde chance aux Prix Inspiration Arctique

Une seconde chance aux Prix Inspiration Arctique
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D’un bout à l’autre du Nord canadien, on se croise les doigts pour l’obtention des prestigieuses bourses.

Chaque année, le gratin communautaire nordique se dispute les prix Inspiration Arctique remis par la Fondation de bienfaisance PIA. Les prix de 100 000  $ à 1 million $ récompensent des initiatives en santé, en sciences, en éducation et en arts. Pour les rêveurs du Nord, la bourse représente une occasion unique de propulser leur vision. Cette année, au moins deux des projets en lice en sont à leur seconde tentative.

C’est le cas d’Imaa, comme ça, le projet d’enseignement de la musique des Nunavummiuts Naiome Eegeesiak et Darlene Nuqingaq, en nomination pour le prix d’un million de dollars.

« C’est beaucoup de travail, assure Mme Eegeesiak, invitée à commenter ce second essai. Nous avons un bon projet, alors nous espérons que ça va bien se passer. »

Membre de la Société musicale d’Iqaluit, Naiome Eegeesiak enseigne bénévolement l’accordéon et le violon. Avec Imaa, elle et Darlene Nuqingaq, ambitionnent de former des professeurs de musique en leur enseignant le solfège et la danse du tambour, pour qu’ils puissent à leur tour transmettre leur savoir à des élèves.
« Gjoa Haven et Pangnirtung […] ont signé des ententes, précise Mme Eegeesiak, mais le projet vise tout le Nunavut. »

Recherche et éthiques autochtones
Norma Kassi et son équipe du Réseau canadien des montagnes ont eux aussi essuyé une première défaite l’an dernier. « J’espère que ce sera notre année », dit-elle.

Pour son projet, qui se situe dans la catégorie des 500 000 $, l’ancienne députée d’Old Crow souhaite réunir entre 20 et 30 jeunes de 18 à 30 ans du Yukon, des Territoires du Nord-Ouest et du Nunatsiavut pour les former aux méthodes de recherche autochtone et communautaire.

« Nous avons fait ça avant, avec des formations sur le changement climatique au Yukon où il y avait des gens des Territoires et du Nunatsiavut, dit-elle. C’est rien de nouveau, et bien sûr, nous allons avoir les ressources pour être capables de réunir ces jeunes. »

Pour ce projet, le Réseau canadien des montages veut s’allier au programme fédéral des gardiens autochtones, axé sur la gestion de la nature et présent sous différentes formes partout au Canada.

« Nous allons former les jeunes aux avantages de ce programme pour la conservation, comment ça peut les aider à aller de l’avant dans les défis actuels », explique Mme Kassi, de la Première nation des Gwitchin Vuntut.

Le projet, avance-t-elle, apprendra aux jeunes des collectivités nordiques à devenir des chercheurs, à faire des recherches axées sur la collectivité. « Ils vont faire du travail sur le terrain, ils vont apprendre beaucoup sur ça dans un contexte de changements climatiques et de biodiversité fragilisée. Ils vont acquérir des aptitudes pour vivre dans ce monde que nous leur laissons. »

Le projet veut concilier les approches académiques et autochtones, faire appel aux ainés, mais aussi à des chercheurs qui s’intéressent aux enjeux de biodiversité.

Norma Kassi souligne que les Innus du Nunatsiavut ont depuis longtemps un programme de gardiens autochtones. Du côté des Territoires du Nord-Ouest, elle vise à collaborer avec les gens du delta du Mackenzie et des aires protégées où le programme est établi, comme l’aire protégée Edéhzhíe dans le Dehcho.

Mme Kassi concède que la pandémie pourrait compliquer la récolte du savoir des ainés et qu’il faudra développer un plan alternatif.

Propriété d’une fiducie de bienfaisance, le Prix Inspiration Arctique est soutenu par différents acteurs des secteurs public, privé et caritatif, notamment des organismes autochtones. La 9e remise de prix, qui devait avoir lieu à Whitehorse, sera plutôt présentée en mode virtuel le 19 février prochain.