Depuis le 28 janvier 2022, de nombreux camions se sont installés aux abords immédiats de la colline du Parlement et bloquent divers accès routiers de la capitale. Cette manifestation est menée par des camionneurs qui demandent la levée de l’obligation vaccinale qui concerne leur profession. Depuis, la population urbaine inuite n’a plus accès aux services et programmes qui leur sont destinés.
L’organisme Tungasuvvingat Inuit (TI) propose, depuis 35 ans, un éventail de services et de programmes pour la population inuite de la capitale qui est aussi la plus grande population inuite en milieu urbain du Canada. Des programmes pour la petite enfance, le bienêtre familial ou encore des services de conseil et d’aide pour les filles et les femmes victimes de violence sont proposés dans les locaux de l’organisme, qui se trouve à une douzaine de kilomètres du Parlement.
Une partie de cette population inuite demeure en situation vulnérable et n’a pas pu, depuis le début de la manifestation appelée « le convoi de la liberté » accéder aux programmes d’aide. Dans un communiqué de presse du 3 février 2022, TI indique que la manifestation a déclenché une augmentation de l’anxiété et un fort sentiment de peur parmi les personnes les plus vulnérables.
« Cette manifestation a entravé notre capacité à fournir des programmes et des services essentiels aux Inuits en milieu urbain », peut-on lire dans le document.
L’état d’urgence dans la capitale
Tungasuvvingat Inuit a demandé le départ des manifestants, mais, dans les faits, c’est le contraire qui s’est produit. Pour faire face à cette situation devenue ingérable, le maire Jim Watson a déclaré l’état d’urgence le 6 février 2022. Selon le communiqué de la ville, cette déclaration reflète « le grave danger et la menace pour la sureté et la sécurité des résidents, posés par les manifestations en cours ».
Alors que le « convoi » se décrit comme une manifestation pacifiste, des actes d’intimidation et d’agression ont été posés envers certains employés des centres d’accueil selon TI. Toujours selon cet organisme, la foule de plusieurs milliers de personnes qui s’est rassemblée à Ottawa, en solidarité avec les camionneurs, constituerait une menace à la sécurité des personnes vulnérables qui ne peuvent plus accéder aux services et programmes offerts en centre-ville.
« Cette manifestation avait initialement des intentions pacifistes, mais elle s’est transformée en un attroupement intimidant qui menace la sécurité des personnes vulnérables ayant besoin du soutien offert par les services et programmes du centre-ville d’Ottawa », précise le communiqué de presse de Tungasuvvingat Inuit.
Du côté des manifestants, c’est la notion de liberté individuelle qui figure au centre des revendications : « Lorsque notre propre gouvernement et nos autorités nous privent de nos libertés fondamentales sans justification adéquate, nous devons tous prendre position », peut-on lire sur le site Internet « Freedom Convoy ».
Le 6 février 2022, l’état d’urgence a été déclaré par le maire d’Ottawa suite à l’augmentation des actes de violence des manifestants du « Convoi de la liberté ». (Crédit photo : Serge Beland)
Des actes de violence dénoncés
Jim Watson a fait part de ses inquiétudes face à l’augmentation de la violence dans les rues dans un courrier du 7 février adressé au premier ministre Justin Trudeau et au ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino : « Nous avons été témoins, tout au long de cette occupation, d’actes de harcèlement racial et homophobe envers nos propres résidents. »
Une campagne de financement participatif initiée sur la plateforme GoFundMe afin de collecter des fonds pour l’approvisionnement en nourriture et en essence des manifestants a été interrompue à la suite de l’escalade de violence survenue depuis le début de la manifestation.
« [Nous soutenons] les manifestations pacifiques et nous pensons que c’était l’intention de la collecte de fonds Freedom Convoy 2022 lors de sa création. Cependant, à la suite de multiples discussions avec les forces de l’ordre locales et des rapports de police faisant état de violences et d’autres activités illégales, la collecte de fonds Freedom Convoy a été supprimée de la plateforme GoFundMe », indique l’organisme sur son site internet le 7 février 2022.
Une nouvelle campagne de financement a été ouverte sur une autre plateforme appelée Give Send Go. Plus de 70 000?personnes ont fait une donation et le montant total de ces dons s’élève à plus de 7,60 millions $ sur un objectif de 20 millions $.