Que ce soit au Nunavut ou au Yukon, le Mois de l’histoire des Noirs honore les contributions de ces personnes au Canada et dans le Nord. Durant 28 jours, des évènements et discussions ont pour but de créer des passerelles vers une société plus inclusive.
Au Nunavut, la Black History Society a organisé des activités uniquement accessibles en ligne. Afin de respecter les protocoles en vigueur en lien avec la pandémie. Pour Murielle Jassinthe, résidente d’Iqaluit depuis 2014 et employée du gouvernement du Nunavut, ce mois de célébration est un moment de bonheur qui permet non seulement le partage, mais aussi l’apprentissage.
« Ç’a toujours été une grande joie de pouvoir célébrer mon héritage, de partager et d’apprendre avec les gens. Cette célébration permet de se regarder avec fierté », explique-t-elle.
Paige Galette vit et travaille à Whitehorse depuis 2017 où elle anime des ateliers sur l’antiracisme à l’intention des entreprises et gouvernements. Selon elle, l’apport des personnes noires dans l’histoire et la construction du territoire du Yukon ne devrait pas se limiter à un mois. Ce mois de février, qu’elle désigne plutôt sous l’appellation « commémoration de la libération, de la célébration et de la joie des personnes noires », est l’occasion de faire un bilan sur ce qui a été fait l’année précédente afin de savoir où et comment continuer le travail pour éradiquer le racisme dans la société.
Cette année, le gouvernement fédéral met l’accent sur la reconnaissance en tout temps des contributions quotidiennes des Canadiens noirs à la société. « Célébrons l’histoire des communautés noires aujourd’hui et tous les jours », peut-on lire sur le site de Patrimoine Canada. Cependant, Paige Galette déplore que le mois de février, choisi pour cette célébration, soit le mois le plus court de l’année.
« Je le vois à double tranchant, ça fait un coup dur de voir que l’on commémore seulement un mois à la fois », indique-t-elle lors d’une entrevue.
Pour Annie-Frédérique Pierre, audiologiste pour le gouvernement du Yukon, même si le mois de l’histoire des personnes noires permet de mettre en lumière les contributions des communautés, l’effort devrait être fait tout au long de l’année, car il permet une prise de conscience nécessaire au changement.
Enrayer le racisme systémique
Chaque territoire, à travers la vitalité de ses organismes qui portent haut et fort les voix des personnes noires dans le Nord, souhaite une société plus inclusive et équitable par l’éradication des préjugés et du racisme. C’est un travail de longue haleine pour Murielle Jassinthe, qui estime que la route est encore longue : « Il y a beaucoup de chemin à faire pour combattre les préjugés, la façon d’appréhender les gens et ces idées préconçues qui sont là par rapport aux individus qui nous entourent. »
En juin 2020, la marche Black Lives Matters avait regroupé des centaines de personnes dans les rues de Whitehorse. Annie-Frédérique Pierre, l’une des organisatrices de cette marche, note l’augmentation du nombre d’ateliers antiracisme donnés au Yukon ainsi que l’avancée des discussions à ce sujet, mais, selon elle, les changements devraient être apportés dans tous les échelons de la société, jusqu’au cœur des institutions.
Pour Paige Galette, les choses n’ont malheureusement pas beaucoup évolué depuis la manifestation. « On peut reconnaitre qu’il y a eu des mouvements et que certains mots ne se disent plus, que certaines actions racistes ne se font plus, mais on a encore un long chemin à faire », confie-t-elle.
Murielle Jassinthe vit à Iqaluit, le contact et le partage avec les autres sont pour elle une des façons d’enrayer le racisme. (Crédit photo : Murielle Jassinthe)
L’éducation et l’activisme comme solutions
Apprendre par le contact avec les autres est une des solutions pour Murielle Jassinthe. Créer des ponts et favoriser l’échange et la discussion entre les communautés est un moyen important pour enrayer le racisme systémique qui sévit dans la société canadienne, selon elle.
« Être en contact avec les autres permet à plusieurs réalités d’être en contact et il peut se passer des communautés d’expérience entre les peuples » indique-t-elle.
Pour Annie-Frédérique Pierre, chaque individu doit prendre ses propres responsabilités et faire une démarche d’apprentissage, de discussion et de remise en question. La charge éducative ne doit pas reposer sur les épaules des membres des communautés noires uniquement.
Enfin, si pour Paige Galette l’éducation est un premier pas dans la bonne direction, le militantisme doit aussi aller plus loin afin de faire bouger les lignes.
« Pour moi si on ne dérange pas les gens c’est que l’on ne fait pas assez de travail. Le but, c’est de déranger pour pouvoir apporter du changement », conclut-elle.