Une étude publiée en février 2022 par l’Association des infirmières et infirmiers autorisés des Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut met en lumière les difficultés auxquelles la profession fait face.
« D’une façon générale, la profession infirmière continue de faire face à des pénuries critiques qui sont le résultat d’une interaction complexe de nombreux facteurs ([…]) », peut-on lire en introduction de l’étude. Si le manque de personnel infirmier est un problème qui touche d’autres pays dans le monde, les TNO et le Nunavut doivent faire face à une situation critique. Selon le rapport, la pandémie de COVID-19 a exacerbé des difficultés déjà existantes depuis plusieurs années, et n’a fait qu’empirer une situation déjà critique.
Les résultats présentés dans le document se basent sur un sondage effectué en novembre 2021 auprès de 847 personnes issues de la profession dont 519 basées dans six collectivités des TNO comme Hay River ou Fort Smith ainsi qu’à l’hôpital Stanton à Yellowknife. Les répondants exerçant au Nunavut travaillent dans les régions Kivalliq, Qikiqtani, Kitikmeot ainsi qu’à l’hôpital général Qikiqtani à Iqaluit.
Le sondage fait ressortir certaines difficultés en lien avec la profession. 71,2 % des répondants des TNO ont été victimes de violence en milieu de travail alors que 89,9 % des personnes infirmières ont dû effectuer des heures supplémentaires qui sont une source de stress pour 54,6 % d’entre elles. Par ailleurs, 93,5 % ont éprouvé des symptômes d’épuisement professionnel dans les 12 mois précédant le sondage. Avoir accès à une formation continue est important pour la quasi-totalité des répondants (99,2 %) alors que 47,5 % n’ont pas reçu d’évaluation de rendement dans le poste qu’ils occupent actuellement.
Même si la rémunération semble adéquate par rapport à des postes similaires dans les provinces ou autres territoires pour 69,4 % des personnes, 78,9 % ont envisagé de quitter leur emploi au cours des deux dernières années. Un abandon de carrière est même envisagé parmi 55,2 % des répondants.
« Nous sommes toujours en sous-effectif et cette situation mène à de l’épuisement professionnel et à la détérioration des soins aux patients » est l’un des commentaires soumis lors du sondage. La rétention de personnel est un aspect sur lequel le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest dit travailler. Tout en reconnaissant la présence d’obstacles, le gouvernement des TNO souhaite « tirer parti de l’expérience et de la perspective des infirmiers travaillant aux TNO pour permettre au système de la santé et des services sociaux de consolider ses points forts, de remédier à ses lacunes et d’éliminer les obstacles », conclut le rapport, sans donner davantage de précisions sur les prochaines étapes et sur les moyens concrets de recruter de façon durable du personnel infirmier.
Au Nunavut la situation est comparable et le gouvernement de ce territoire reconnait que « les préoccupations soulevées doivent être traitées sinon le Nunavut pourrait être confronté à une baisse de son effectif infirmier actuel et à une nouvelle détérioration de la situation de recrutement et de rétention. »
Par ailleurs, le gouvernement du Nunavut admet que « le stress et l’épuisement professionnel sont exacerbés par un manque de soutien et de réponse appropriée de la part de la direction. Le stress lié au travail peut avoir des implications négatives pour l’individu, les patients, l’organisation, et finalement pour attirer et retenir les infirmières sur le territoire. »
L’Association des infirmières et infirmiers du Canada (AIIC) tire la sonnette d’alarme depuis plusieurs années. Dans un communiqué de presse du 7 juillet 2022, en vue de la réunion estivale du Conseil de la fédération, l’AIIC a exhorté les premiers ministres à accorder la priorité à cette crise.
« Le Canada doit affronter une grave crise des effectifs de la santé et des pénuries d’infirmières et infirmiers », explique Sylvain Brousseau, président de l’AIIC.
La création d’une stratégie pancanadienne de la main-d’œuvre de la santé, l’optimisation des charges de travail ou encore une accélération de l’obtention du permis d’exercer pour les personnes formées à l’étranger sont quelques-unes des pistes mises de l’avant par l’organisme.