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le Jeudi 17 novembre 2022 14:57 | mis à jour le 20 mars 2025 10:41 Arctique

Désaccord à la suite de la création d’un réseau de recherche inuit

Désaccord à la suite de la création d’un réseau de recherche inuit
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Le gouvernement fédéral a annoncé, dans un communiqué de presse du 2 novembre 2022, la création d’un réseau de recherche en matière de santé pour les Inuits du Canada en partenariat avec l’organisme Inuit Tapiriit Kanatami (ITK).

Nelly Guidici

Cette démarche s’inscrit dans une volonté de « faire progresser la réconciliation et de favoriser la prospérité du territoire inuit par une collaboration constructive ».

C’est un financement de 6,4 millions $ qui a été débloqué pour permettre la création de ce réseau dont le but principal est de renforcer les capacités de recherche par et pour les Inuits.

Pour le ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos, « ce nouveau réseau de recherche appuiera la recherche dirigée par les Inuits et l’échange des connaissances afin de contribuer à améliorer la santé et le bien être des Inuits au Canada tout en renforçant à long terme les capacités de recherche et de mobilisation des connaissances des Inuits dans tous les domaines. »

Ce projet s’appuie sur la stratégie nationale inuite sur la recherche, publiée en 2018 par ITK et qui s’articule autour de cinq priorités : la gouvernance inuite, l’éthique, l’harmonisation des financements avec les priorités de recherche, la garantie de l’accès, la propriété et le contrôle des données par les Inuits et, enfin, le renforcement des capacités de recherche dans l’Inuit Nunangat.

« Pendant trop longtemps, les chercheurs ont bénéficié d’un grand privilège lorsqu’ils ont traversé nos communautés et notre territoire, utilisant des fonds publics ou universitaires pour répondre à leurs propres questions sur notre environnement, la faune et les gens. Bon nombre de ces mêmes chercheurs ignorent ensuite les Inuits dans la création des résultats de leur travail pour l’avancement de leur carrière, de leurs institutions de recherche ou de leurs gouvernements. Ce type de relation d’exploitation doit cesser », indique Natan Obed, président de l’ITK en introduction du document de 44 pages.

 

Une pétition pour demander une meilleure offre de soins au Nunavut

Pour certaines personnes, comme Manitok Thompson, ancienne députée territoriale et première femme membre de l’Assemblée législative du Nunavut, la création de ce réseau de recherche est une perte de temps et d’argent. Ce projet ne correspond ni à la réalité vécue par les Inuits dans les collectivités arctiques ni à celle vécue par les personnes ainées inuites vivant dans les centres urbains d’après elle.

Dans une publication sur Twitter le 3 novembre 2022, Mme Thompson a fait part de son incompréhension. Elle estime que le budget alloué pour ce projet devrait être utilisé pour la construction d’établissements pour les personnes ainées au Nunavut. Par ailleurs, elle pointe du doigt l’absence de structure pour ceux qui vivent dans la capitale fédérale.

« Natan Obed n’a aucune idée de ce qui est prioritaire. Il devrait savoir que les personnes ainées inuites meurent seules à Ottawa ! », s’indigne-t-elle.

Le 10 octobre 2021, Mme Thompson a lancé une pétition en ligne pour demander la création d’institutions pour les personnes ainées dans chacune des collectivités du Nunavut.

« Nos ainés inuits sont envoyés à Ottawa et ailleurs à l’extérieur de leurs collectivités. Nous avons besoin que nos ainés inuits vivent leurs dernières années chez eux avec leurs familles », peut-on lire dans le texte de la pétition qui a recueilli 23 431 signatures.

Une copie de cette pétition a été remise à chacun des membres de l’Assemblée législative du Nunavut le 19 novembre 2021. De son côté, Lori Idlout, députée du Nunavut à la Chambre des communes, a dénoncé, le 28 novembre 2021, le manque de mesures nécessaires et a expressément demandé au gouvernement fédéral de tenir ses promesses, à savoir la fourniture de soins adéquats aux personnes ainées ainsi que l’ouverture de centres adaptés dans les collectivités du Nunavut.

 

Vieillir dans la dignité : une priorité pour le gouvernement du Nunavut

Dans un territoire de 24 collectivités pour près de 40 000 habitants, les centres de soins continus de Cambridge Bay, Gjoa Haven et Igloolik ainsi que les deux centres pour personnes ainées à Iqaluit et à Arviat ont actuellement 40 lits occupés sur une capacité totale de 44 lits. Un nouveau centre de soins de longue durée pouvant accueillir 24 personnes doit également ouvrir ses portes à Rankin Inlet à la fin de l’année 2023 précise la spécialiste des communications au ministère de la Santé du gouvernement du Nunavut, Danarae Sommerville.

Le gouvernement du Nunavut indique prendre très au sérieux la question des soins de qualité et culturellement appropriés apportés aux personnes ainées.

« Accroitre la disponibilité des options de soins sur le territoire pour les ainés du Nunavut est une priorité clé pour le gouvernement du Nunavut. Dans le cadre de ce mandat, le gouvernement continue de travailler à l’élargissement des options de soins sur le territoire avec des installations planifiées telles que le Centre de soins de longue durée de Rankin Inlet, » explique Mme Sommerville dans un courriel adressé à L’Aquilon.

Par ailleurs, le gouvernement du Nunavut réfléchit à des actions concrètes pour l’amélioration de l’offre de soins comme l’agrandissement et/ou la rénovation de centres de soins continus existants ainsi que par l’offre d’une formation culturellement et linguistiquement pertinente au personnel travaillant dans ces établissements de soins de longue durée, » selon Mme Sommerville.

Les personnes qui ne peuvent pas être accueillies dans le territoire sont envoyées en Ontario, au centre Embassy West Senior Living à Ottawa.

 

Articles de l’Arctique est une collaboration des cinq médias francophones des trois territoires canadiens : les journaux L’Aquilon, l’Aurore boréale et Le Nunavoix, ainsi que les radios CFRT et Radio Taïga.