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le Jeudi 9 mars 2023 15:42 | mis à jour le 20 mars 2025 10:41 Arctique

De la culture à la plongée sous-marine : deux femmes inuites sont célébrées

De la culture à la plongée sous-marine : deux femmes inuites sont célébrées
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Le prix de la femme inuk de l’année vient d’être décerné à Nikki Komaksiutiksak par l’organisme national Pauktuutit, qui représente les femmes inuites au Canada.

Originaire de Chesterfield Inlet au Nunavut, Mme Komaksiutiksak est la directrice générale du Centre de ressources inuites Tunngasugit à Winnipeg, au Manitoba. Elle est également activiste, artiste, elle pratique le chant de gorge et enseigne la culture et la société inuite dans un cours dispensé à l’Université du Manitoba, à Winnipeg.

Nikki Komaksiutiksak, la directrice du Tunngasugit, activiste, artiste et chanteuse de gorge 

(Credit photo : Courtoisie)

La surprise de sa nomination a été totale et Mme Komaksiutiksak se dit aujourd’hui honorée par ce prix. Pour cette reconnaissance, elle recevra un ulu avec son nom gravé. Son investissement et son travail, avec quatre autres personnes de son entourage, ont permis la création en 2017 de l’organisme « Tunngasugit » qui est « un système de soutien pour les Inuits, car, il n’y a jamais eu dans l’histoire de l’Ouest canadien ni d’aide ni de ressources disponibles pour les Inuits qui habitent à Winnipeg, » indique-t-elle lors d’une entrevue.

Créé en 2017, le centre Tunngasugit qui compte 23 personnes employées est passé de 48 à 500 membres en cinq ans. Le nombre d’adhérents est en constante augmentation, selon la directrice.

« Suite à cette reconnaissance, l’une de mes plus grandes responsabilités est de faire entendre la voix des Inuits qui vivent en milieu urbain, de faire entendre la voix des dirigeants inuits pour qu’ils prennent soin des Inuits. »

 

L’importance de ressources adaptées

Nikki Komaksiutiksak a grandi dans une famille d’accueil de Winnipeg. Étant suivie par le service à l’enfance du gouvernement du Manitoba, et d’origine autochtone, elle a dû suivre un programme culturel ne correspondant pas à son identité, car dans les années 1990, il n’existait aucun programme destiné aux enfants inuits au Manitoba. Cette expérience s’est révélée très dommageable.

« On m’a obligé à apprendre une culture différente et qui n’était pas la mienne, ce fut très préjudiciable, » déplore-t-elle.

Suite à cette expérience et dans une volonté de venir en aide aux Inuits qui habitent à Winnipeg, le centre de ressources Tunngasugit comble maintenant ces lacunes. Différents services sociaux, d’aide au logement et à la recherche d’emploi sont disponibles. Des programmes culturels sont aussi proposés comme des classes d’apprentissage de l’inuktitut, des ateliers de musique, de couture et de sculptures, mais aussi des camps culturels pour tous les âges. À travers cet éventail de services, les membres du centre ont accès à des programmes adaptés qui répondent à leurs besoins, tout en permettant une socialisation communautaire. Nikki Komaksiutiksak estime cependant qu’il est important d’augmenter l’offre de services et de programmes pour lesquels des subventions supplémentaires seront nécessaires.

 

La réconciliation en marche

À travers les multiples rôles qu’elle endosse, Nikki Komaksiutiksak dit jouer un rôle important dans le processus de réconciliation dans le pays : « je me bats pour le droit de notre peuple et j’enseigne (à travers les cours donnés à l’Université du Manitoba) l’histoire correcte de notre culture. Il fut un temps où les Inuits étaient représentés de façon inexacte ou étaient complètement absents. Être désignée femme inuite de l’année m’encourage à travailler encore plus dur pour m’assurer que ma communauté est correctement prise en charge. »

 

La jeunesse célébrée


La plongeuse et technicienne en recherche sous-marine Malaya Bishop

(Crédit photo : Courtoisie)

Le prix de la jeune femme Inuk de l’année a été remis à Malaya Bishop, originaire d’Iqaluit. C’est le travail de Mme Bishop, au sein de l’équipe d’archéologie sous-marine de Parcs Canada, qui est aujourd’hui mis de l’avant. Technicienne en recherche sous-marine, elle a principalement travaillé sur le lieu historique national du HMS Erebus et du HMS Terror près de Gjoa Haven, au Nunavut. À travers ses recherches sur les observations et les données historiques des Inuits, elle s’assure que les voix des collectivités inuites sont entendues et prises en compte dans les décisions qui ont un impact sur les communautés.

« Malaya Bishop milite pour que la plongée soit reconnue comme une carrière valide et légitime dans les eaux du Nunavut. Elle aime communiquer avec les membres de la communauté inuite et les écoles pour faire des présentations sur l’archéologie sous-marine et les carrières en plongée commerciale, » peut-on lire dans le communiqué de presse publié par Pauktuutit le 23 février 2023.