L’objectif principal de cette mission est de comparer les effets du réchauffement planétaire aux deux pôles par l’étude du recul des glaciers et l’identification de la circulation des produits chimiques et plastiques, notamment les microplastiques, dans les océans.
Étudier l’Antarctique pour mieux comprendre l’Arctique
Aujourd’hui, les glaciers de l’Antarctique ressemblent aux glaciers de l’Arctique du passé. Alors que le réchauffement climatique sévit dans le Nord et que les glaciers reculent de façon drastique, les glaciers de l’Antarctique permettent aux chercheurs de voir à quoi le paysage de l’Arctique ressemblait il y a 5000 ans.
« L’Antarctique nous permet de comprendre à quoi ressemblait l’Arctique il y a plusieurs milliers d’années et c’est vraiment ça, le gros avantage », explique Alexandre Normandeau, chercheur à la Commission géologique du Canada et membre de l’expédition.
Mais cette région du monde est loin d’être épargnée par les effets du réchauffement climatique et la péninsule antarctique subit l’effet d’amplification polaire. C’est-à-dire qu’elle se réchauffe plus rapidement que la moyenne mondiale, tout comme l’Arctique canadien, rappelle Mr James, chef de la mission, chercheur à la Commission géologique du Canada et professeur adjoint à l’université de Victoria.
« En étudiant cette péninsule, nous apprendrons comment l’environnement change là-bas et nous pourrons ensuite le comparer à ce qui se passe dans l’Arctique canadien. À partir de là, nous pourrons comprendre de manière plus large et plus approfondie comment le changement climatique affecte les régions polaires », conclut le chef de l’expédition.
Notre sentiment général est que l’expédition a été un grand succès. Nous avons pu effectuer tous les types d’échantillonnage et d’étude que nous souhaitions.

Thomas James, chef de l’expédition, souhaite continuer la collaboration avec la Marine royale afin que des missions scientifiques en Antarctique soient organisées régulièrement dans le futur.
Une collaboration fructueuse avec la Marine royale
Pour Thomas James, cette première expédition scientifique canadienne a été couronnée de succès. Que ce soit au niveau des conditions météorologiques ou de la collaboration à bord avec les membres de la Marine royale, tout s’est extrêmement bien passé.
« Notre sentiment général est que l’expédition a été un grand succès. Nous avons pu effectuer tous les types d’échantillonnage et d’étude que nous souhaitions et nous avons très bien travaillé avec les officiers et l’équipage du navire, le NCSM Margaret Brooke. Nous sommes très, très satisfaits de la façon dont cela s’est déroulé, en collaboration avec les officiers et l’équipage », a-t-il déclaré lors d’une entrevue.
Céline Gueguen, professeure titulaire au département de chimie de l’Université de Sherbrooke et membre de l’expédition, abonde dans ce sens.
« Ç’a été une première de travailler en collaboration avec la Marine royale. On a dû apprendre à se connaitre, et puis à travailler ensemble. Donc ça a pris un petit moment et, très rapidement, tout le monde a trouvé ses marques », a-t-elle expliqué.
La Marine royale a fourni le soutien logistique qui a permis à l’équipe de mener à bien ses recherches.
« Avec les petits bateaux et les bateaux de sauvetage, nous avons pu nous approcher des fronts glaciaires. L’un des principaux objectifs de nos recherches était de voir comment les fronts glaciaires et l’eau qui y est déversée dans l’océan se mélangent et affectent les propriétés physiques et chimiques de l’océan, ainsi que la biologie et les écosystèmes. Nous voulions voir comment cela changeait à mesure que l’on s’éloignait des fronts glaciaires », détaille M. James.
Les glaciers de l’Antarctique
Un itinéraire précis des haltes en mer et sur terre avait été décidé au préalable. Cependant les iles Shetland ont particulièrement intéressé les scientifiques. Situé le plus au nord du continent antarctique, ce chapelet d’iles qui fait partie du courant antarctique circumpolaire se révèle aussi être sensible au réchauffement climatique. De plus, c’est à cet endroit que les eaux profondes se forment et que des échantillons d’eau ont été récoltés afin d’analyser la quantité de CO2 absorbée par cette couche d’eau au fond de l’océan.
Ces iles qui ont déjà fait l’objet d’études lors de précédentes expéditions scientifiques internationales présentent l’avantage d’être documentées depuis plusieurs années. Alexandre Normandeau estime que la collecte de données aux iles Shetland permet d’approfondir un angle de recherche.
« Quand on a une mission qui est relativement courte, c’est important d’aller à des endroits où on a déjà un peu de données, où on peut déjà définir des questions de recherche. Donc, les iles Shetland, comme ça a déjà été étudié, on pouvait capitaliser sur ces données qui existent déjà pour essayer d’approfondir davantage certaines questions de recherche comme celles associées aux décharges glaciaires ».
Des échantillons en cours de rapatriement
Des échantillons d’air, de glace, de neige, d’eau, de sédiments et même de planctons ont été récoltés. Ils sont actuellement stockés pour la plupart dans des compartiments réfrigérés et se trouvent toujours sur le navire. En passant par le canal de Panama, le NCSM Margaret Brooke devrait arriver à Halifax au mois de mai 2025. Mr James estime que d’ici l’automne prochain, les premiers résultats des analyses des différents échantillons pourront être divulgués.
« Nous espérons que d’ici le milieu de l’automne, c’est-à-dire d’ici environ cinq ou six mois, nous aurons des résultats préliminaires. Et nous pourrons peut-être commencer à rédiger une sorte de document d’ensemble expliquant ce que nous avons fait », précise-t-il.