le Samedi 24 mai 2025
le Vendredi 23 mai 2025 10:11 Arctique

Deux espèces arctiques emblématiques en déclin

Le harfang des neiges fait dorénavant partie des espèces menacées pour le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. — Photo Istockphoto.com – Ondrej Prosicky
Le harfang des neiges fait dorénavant partie des espèces menacées pour le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada.
Photo Istockphoto.com – Ondrej Prosicky
Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a publié, le 15 mai 2025, le statut de conservation de 14 espèces sauvages. Deux espèces vivant en Arctique font partie de la liste des espèces menacées ou en situation préoccupante.
Deux espèces arctiques emblématiques en déclin
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Les membres du COSEPAC s’étaient réunis à Wendake au Québec afin de discuter et de mettre à jour la liste des espèces en péril au Canada. Une cinquantaine de personnes siègent sur ce comité, dont Gregory Rand, gestionnaire adjoint des collectifs d’oiseaux et mammifères au Musée canadien de la nature à Ottawa.

Le harfang des neiges, emblème aviaire du Québec, fait dorénavant partie des espèces menacées. Ce hibou niche dans tout l’Arctique et passe l’hiver au sud. Non seulement il est présent dans toutes les provinces et territoires du pays, mais 95 % de la population mondiale vit au Canada. Malheureusement un déclin significatif du nombre d’individus a été observé au cours des trois dernières générations. 

Non seulement cette espèce niche dans l’une des régions de la planète où le climat change le plus rapidement, mais, lorsqu’elle migre vers le sud pour l’hiver, d’autres menaces l’attendent – collisions, électrocution, empoisonnement aux rodenticides, et maladies comme l’influenza aviaire.

— Louise Blight, coprésidente du sous-comité responsable des oiseaux au COSEPAC

Plusieurs raisons à cette situation sont certains des effets du changement climatique, mais aussi les activités humaines, notamment l’empoisonnement de la chaine alimentaire. En effet, l’utilisation de substances actives ayant la propriété de tuer des rongeurs empoisonne aussi le harfang. 

Selon Louise Blight, coprésidente du sous-comité responsable des oiseaux, « non seulement cette espèce niche dans l’une des régions de la planète où le climat change le plus rapidement, mais, lorsqu’elle migre vers le sud pour l’hiver, d’autres menaces l’attendent – collisions, électrocution, empoisonnement aux rodenticides, et maladies comme l’influenza aviaire. »

Pour M. Rand, le Canada a un rôle à jouer alors que des hausses du nombre d’empoisonnements ont été observées. : « Le Canada a une grande responsabilité envers cette espèce arctique dont une grande partie de la population mondiale se retrouve au pays », a-t-il déclaré dans une entrevue. 

Plus au Nord dans les régions arctiques ce sont les changements dans la végétation, la composition des insectes et la diminution des populations de rongeurs qui ont des incidences négatives sur l’espèce.

Un requin d’une longévité extraordinaire

La laimargue atlantique, aussi appelée requin du Groenland, est un gros requin vivant dans les eaux froides et à de grandes profondeurs. On le retrouve dans le nord des océans Arctique et Atlantique au Canada, mais aussi occasionnellement dans le golfe du Maine. Sa taille varie de trois à cinq mètres et le plus gros spécimen jamais attrapé pesait plus de 1 tonne pour six mètres de longueur. Mais ce qui rend cette espèce fascinante, c’est sa longévité. 

En effet, le requin du Groenland a une espérance de vie de plus de 270 ans. La laimargue atlantique est considérée comme l’espèce de vertébré la plus longévive du monde : elle prend un nombre record de 150 ans pour atteindre la maturité, puis elle est capable de se reproduire pendant au moins un autre siècle, peut-on lire dans un communiqué de presse publié par COSEPAC le 15 mai 2025. 

Cette espèce est touchée par les effets du rythme accéléré du changement climatique que connaissent les régions arctiques. La durée extrêmement longue d’une génération signifie que les populations se remettent très lentement lorsqu’elles subissent un déclin.

Bruce Leaman, coprésident du sous-comité responsable des poissons marins, a souligné la biologie spéciale de l’espèce : « La période juvénile d’un seul de ces requins englobe la carrière de cinq biologistes des pêches. Toutefois, nous devons en apprendre davantage sur eux, car l’espèce semble très sensible aux pertes cumulatives, et les menaces ne s’atténuent pas. »

Rand rappelle que les espèces qui ont tendance à vivre très longtemps ont souvent des taux de reproduction plus lents qui peuvent engendrer des déclins assez rapides si quelque chose arrive à la population. À la lumière des risques posés par le réchauffement climatique et les activités de pêche commerciale dans l’océan Atlantique, la COSEPAC a ajouté cette espèce dans la catégorie des espèces préoccupantes, qui nécessitent donc une surveillance accrue.