Après trois années de travail, le rapport de 72 pages intitulé « Défense et sécurité des Premières Nations du Yukon : priorité à la souveraineté, à la préparation et au partenariat » , est sorti le 11 aout dernier. Il met en relief la vision des Premières Nations du Yukon dans le domaine de la défense et de la sécurité. Ce domaine, traditionnellement défini par les institutions fédérales et l’industrie, est désormais de plus en plus façonné par les détenteurs de droits autochtones, selon Kluane Adamek, cheffe régionale du Yukon à l’Assemblée des Premières Nations, contactée par Médias ténois.
Des partenaires de premier plan
Les Premières Nations du Yukon sont déjà à l’avant-garde en matière de préparation aux situations d’urgence, d’infrastructures et de développement économique. Ce rapport invite tous les partenaires à reconnaitre et à soutenir ce leadeurship. Pour Mme Adamek, c’est l’avenir de la défense dans le Nord qui est en jeu.
Le 18 juin dernier, le ministère de la Défense nationale (MDN) a mis à jour sa politique de défense afin que les régions de l’Arctique et du Nord soient protégées et que les intérêts et la souveraineté du Canada soient conservés. Même si le MDN et les forces armées prévoient une approche multilatérale avec les différents gouvernements et les agences, y compris les partenaires du Nord et les Autochtones, Mme Adamek affirme que l’investissement et l’augmentation des capacités dans le Nord doivent être « guidés par les gouvernements dont les terres et les citoyens seront les plus touchés ».
Et la cheffe d’ajouter : « Nous ne cherchons pas à démanteler le système, mais à nous assurer que la mise en œuvre de la politique canadienne est conforme à nos traités, à notre compétence et à notre connaissance pratique de ces territoires. C’est ce que signifie la cocréation : commencer ensemble dès la phase de planification, et ne pas être invité à réagir après coup. »
Le rôle sous-estimé des Rangers
Les Rangers jouent un rôle fondamental, mais tout à fait unique dans le Nord. Celles et ceux qui sont « les yeux et les oreilles » de l’armée dans les régions éloignées, contribuent depuis longtemps à la souveraineté et à la sécurité des collectivités dans lesquelles ils font partie intégrante. Leur connaissance approfondie du terrain, leurs relations et leur expertise culturelle sont essentielles pour guider les troupes, aider aux sauvetages, soutenir les opérations de souveraineté et répondre aux urgences, peut-on lire dans le rapport.
Alors que leur rôle est primordial dans le Nord, Mme Adamek estime que les Rangers ne sont pas reconnus à leur juste valeur et ont besoin de plus de reconnaissance, de soutien administratif et de ressources pour remplir leur rôle. Ils apportent une connaissance du terrain combinée à un réseau relationnel et une expertise culturelle inégalée qu’aucune unité du Sud ne saurait reproduire d’après elle. « Nous devons également investir dans le programme des Rangers juniors canadiens, qui transmet les connaissances à la prochaine génération et maintient les jeunes en contact avec la terre. Renforcer les Rangers, c’est renforcer à la fois la défense nationale et la sécurité communautaire », estime la cheffe régionale.
Des actions concrètes
Depuis la publication du rapport qui liste douze recommandations à l’intention du gouvernement fédéral, du Yukon et des Premières Nations du territoire, aucune initiative ou engagement officiel gouvernemental n’a été annoncé.
Ce qui importe le plus pour Mme Adamek est de faire un suivi : « Les Premières Nations du Yukon ont fait leur travail. Nous avons formulé des recommandations claires et pratiques fondées sur des années d’engagement. »
Il s’agit maintenant de passer à l’action et Kluane Adamek s’attend à ce que les gouvernements répondent. « La prochaine étape consiste pour les gouvernements à se manifester, à s’assoir avec nous en tant que partenaires égaux et à consacrer des ressources à ces priorités », conclut-elle.
En savoir plus sur les Rangers
Les Rangers sont une sous-composante de la Réserve de l’Armée canadienne. Ils vivent et travaillent dans des régions éloignées, isolées et côtières du Canada. Le premier groupe de patrouilles des Rangers canadiens englobe le Nunavut, le Yukon, les Territoires-du-Nord-Ouest et Atlin, en Colombie-Britannique. Son quartier général est à Yellowknife. Il y a environ 5 000 Rangers canadiens vivant dans plus de 200 communautés et parlant 26 langues et dialectes.
Articles de l’Arctique est une collaboration des cinq médias francophones des trois territoires canadiens : les journaux L’Aquilon, L’Aurore boréale et Le Nunavoix, ainsi que les radios CFRT et Radio Taïga.