
Tarralik Duffy, finaliste du Prix Sobey d’arts contemporains. Elle représente la catégorie arctique.
Tarralik Duffy est une artiste multidisciplinaire originaire de Salliq au Nunavut. Elle vit aujourd’hui en Saskatchewan où elle expose ses créations depuis plusieurs années. Elle utilise plusieurs médiums comme le dessin, la photographie, les textiles, la sculpture et les médias numériques.
Inspirée par les souvenirs et les expériences de son environnement domestique, de son enfance et de la vie quotidienne dans le Nord, elle emprunte aussi à la culture pop tout en y ajoutant sa propre touche, souvent par un jeu sur les mots et une interaction langagière avec l’inuktitut. Dans sa production, elle traite des sujets de la sécurité alimentaire, de la survie, du conte et de la séparation, ainsi que des juxtapositions entre passé et présent de la culture inuite.
Lors de l’exposition finale présentée au Musée des Beaux-Arts du Canada (MBAC) à Ottawa le 2 octobre 2025, Tarralik Duffy a présenté plusieurs créations, dont une pièce tissée mêlant du pop art à la culture inuite. Ayant déjà travaillé sur la marque de boissons Pepsi, elle a choisi pour cette pièce maitresse, sa rivale gazeuse. « Je devais rendre hommage aux buveurs de Coca-Cola du Nord, y compris ma mère. Je ne sais pas si ma mère en boit beaucoup, mais elle aime ça », explique l’artiste lors d’une entrevue le 2 octobre 2025.
Le Prix Sobey, c’est quoi ?
Fondé en 2002, le Prix Sobey pour les arts est administré conjointement par la Fondation Sobey pour les arts (FSA) et le Musée des beaux-arts du Canada (MBAC). Le Prix propulse la carrière d’artistes grâce à un soutien financier et à une reconnaissance au Canada et à l’échelle internationale.
L’ironie comme vecteur de création
L’humour a une place très importante dans le processus créatif de Mme Duffy. C’est par l’ironie et l’espièglerie qu’elle souhaite aborder des sujets plus sérieux comme l’insécurité alimentaire dans l’Arctique canadien. Sans humour, le message ne passe pas aussi bien auprès du public, selon elle. « J’aime l’humour parce qu’il rend les sujets difficiles plus acceptables. Et c’est aussi amusant ! »
Pour Rachelle Dickenson, conservatrice associée et commissaire au MBAC, qui a travaillé en étroite collaboration avec l’artiste pour préparer cette exposition, le choix de l’humour est une bonne stratégie. « Elle fait appel à un humour noir pour dire des choses que nous ne pourrions pas nécessairement dire autrement, ce qui rend cette stratégie particulièrement efficace », explique Mme Dickenson.
Le nom de l’artiste gagnant sera dévoilé, le 8 novembre 2025, lors d’une cérémonie au MBAC et recevra un prix d’une valeur de 100 000 $. Les cinq autres finalistes recevront chacun 25 000 $.
Cette année, le jury est composé de huit personnes dont Laakkuluk Williamson Bathory, artiste inuk multidisciplinaire maintes fois primée, aussi lauréate de l’édition 2021 du prix Sobey pour les arts.