
Éric Salter (sur la photo) et Frederick Godwin mènent actuellement une étude pour connaitre le besoin et la faisabilité d’installer une unité navale au territoire et accroitre ainsi la présence des Forces armées canadiennes (FAC) au Yukon.
En décembre dernier, Bill Blair, ancien ministre de la Défense nationale, et Ranj Pillai, ancien premier ministre du Yukon, ont signé une lettre d’intention afin que la MRC établisse une présence de la Réserve navale dans le Nord canadien.
Plus tôt, M. Pillai avait demandé au gouvernement fédéral de soutenir financièrement sa nouvelle politique étrangère pour l’Arctique.
En ce moment, seuls les Rangers et la Force opérationnelle interarmées (Nord) assurent une présence militaire au territoire.
Ce projet s’inscrit également dans la décision du Canada, prise en juin dernier, de se joindre au nouvel engagement de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Ce dernier vise à consacrer 5 % du PIB annuel aux investissements de défense d’ici à 2035, afin de garantir « la sécurité individuelle et collective ».
Eric Salter et Harry Godwin ont été mandatés pour réaliser une étude de faisabilité visant à évaluer l’intérêt d’un renforcement de la présence militaire sur le territoire. Les deux hommes ont jusqu’à décembre pour collecter les données auprès de diverses parties de la population yukonaise. Ils présenteront les résultats de l’étude au Conseil de l’amiral à Ottawa en février prochain. « C’est un groupe qui évalue les présentations et offre des recommandations au commandant de la Marine royale canadienne », précise M. Salter, bilingue.
« Des études de ce type sont menées depuis 2019 », rapporte Eric Salter et d’autres se déroulent en ce moment même dans d’autres communautés à travers le pays. « Ce ne sera peut-être finalement pas la 25e Réserve navale canadienne, mais peut-être la 30e », conclut le marin. Le Canada compte actuellement 24 réserves navales.
Prendre le pouls
Le but est d’informer la population, d’aller à sa rencontre et parfois de contrer les idées reçues sur la marine. Par exemple, « seuls 20 % des effectifs de la Marine royale canadienne se trouvent sur un navire », informe Eric Salter.
En plus, les deux hommes ont rencontré plusieurs Premières Nations. « D’autres collectivités, communautés ont soumis leur désir d’avoir ce type d’unité », rapporte M. Salter.
Ils se sont donc rendus à Haines Junction pour rencontrer les Premières Nations de Champagne et d’Aishihik, et ont également discuté avec la Première Nation des Kwanlin Dün et le Conseil des Ta’an Kwäch’än.
« Les Premières Nations pourraient servir avec nous. L’objectif n’est pas de leur nuire », partage Eric Salter. Il assure que les traités modernes seraient respectés dans le cas où une unité navale verrait le jour. Cet été, plusieurs membres des Premières Nations du Yukon avaient émis le souhait d’être davantage consultés sur la sécurité de l’Arctique.
Le binôme s’est également rendu dans deux classes de l’École secondaire Porter Creek. Ils ont rencontré les cadets et la Légion royale canadienne de Whitehorse.
À quoi servirait cette unité ?
Le rôle d’une réserve est de former plusieurs membres de la population qui ont la volonté de se former et de venir en aide à la communauté en situation d’urgence. Ces réservistes se préparent par ailleurs à des déploiements nationaux ou internationaux.
« Ces personnes sont formées aux premiers secours. Elles peuvent offrir un soutien en cas d’inondations, de feux de forêt, par exemple, précise M. Salter. Des formations sur le leadeurship peuvent être offertes aux jeunes qui sont timides et les amener à être de meilleurs citoyens dans leur communauté. Il s’agit de postes à temps partiel, et l’objectif n’est pas de faire concurrence aux employeurs locaux. »
Dans le cas où Ottawa accepterait le projet, « le Yukon pourrait devenir un nouvel endroit pour pratiquer sans une présence permanente ou jusqu’à devenir une unité de réserve navale et occuper un édifice avec d’autres agences gouvernementales et partenaires », annonce Eric Salter.
« Ça pourrait prendre deux décennies pour avoir une unité gérée par des gens locaux et qui ne reçoit plus de support extérieur », estime-t-il.
Si une unité complète devait être établie, elle serait implantée à Whitehorse.
Articles de l’Arctique est une collaboration des cinq médias francophones des trois territoires canadiens : les journaux L’Aquilon, L’Aurore boréale et Le Nunavoix, ainsi que les radios CFRT et Radio Taïga.