C’est avec une entente d’une valeur de 2,2 milliards de dollars entre les mains que le Grand chef de l’Assemblée des Premières Nations, Phil Fontaine, s’est présenté à Yellowknife, le 1er juin dernier. Ce dernier voulait expliquer, en personne, les éléments de cette entente approuvée le 10 mai dernier par le gouvernement canadien.
L’Accord de règlement relatif aux pensionnats indiens devrait toucher quelque 80 000 Autochtones ayant fréquenté les pensionnats gérés par les Églises catholique, anglicane, presbytérienne et unie.
L’entente prévoit 1,9 milliards de dollars en compensations pour les survivants, la création d’une Commission de la vérité et de la réconciliation, 20 millions de dollars pour la commémoration de cette époque de l’histoire canadienne et 125 millions de dollars à la Fondation autochtone de guérison, qui voit à financer des projets de guérison pour les Autochtones et leurs descendants.
Ainsi, chaque Autochtone qui a fréquenté les pensionnats autochtones recevra un paiement d’expérience commune de 10 000 $. « Il s’agit d’un montant symbolique pour perte de la langue et de la culture », a expliqué M. Fontaine. Ensuite, chaque survivant recevra un dédommagement de 3000 $ par année passée en pensionnat « pour perte de jouissance de la famille ».
Des provisions sont aussi prévues pour régler les réclamations relatives à des abus sexuels, ainsi que des sévices physiques ou psychologiques graves. Ces réclamations, établies selon une liste prédéfinie de sévices seront étudiées et les victimes auront le choix de rejeter ou d’accepter l’offre globale du gouvernement. « Si plus de 5000 personnes refusent, l’entente pourrait être sabordée », a cependant fait savoir M. Fontaine.
Selon ce dernier, environ 15 000 poursuites sont présentement devant les tribunaux pour ce type de traitements. Les tribunaux de neuf provinces devront d’abord approuver les offres gouvernementales avant que la victime ne dispose de six mois pour prendre la décision de l’accepter ou de poursuivre avec sa plainte devant les tribunaux. Phil Fontaine calcule donc que les premiers chèques pourraient arriver à leur titulaire d’ici neuf mois.
De leur côté, les personnes âgées de plus de 65 ans ont droit à un paiement anticipé de 8000 $ qui leur sera émis sous peu. Les premiers chèques gouvernementaux à ce sujet ont déjà été envoyés. M. Fontaine estime qu’environ 8000 personnes âgées pourraient profiter de ce paiement anticipé.
Tous les processus de dédommagement devront être complétés d’ici cinq ans, a fait savoir Phil Fontaine.
Devant plusieurs Autochtones présents à cette rencontre, M. Fontaine a insisté sur l’importance d’inscrire ce sombre chapitre à l’histoire canadienne. Ce dernier a enjoint l’assistance de profiter de la Commission de la vérité et de la réconciliation pour « raconter et enregistrer ce qui s’est passé pour que les futures générations le sachent. Rien, dans l’histoire, ne parle des pensionnats et ce sera l’occasion, pour nous, de faire connaître cette histoire ».
Selon lui, ce type de commission est la première à voir le jour « dans un pays développé ». L’Afrique du Sud en a créé une à la fin du régime d’Apartheid ayant sévi, dans ce pays, de 1948 à 1994. En fait, une recherche rapide de L’Aquilon révèle que des commissions similaires ont eu lieu en Australie (pour des pratiques d’assimilation des Aborigènes), aux Éstats-Unis (à propos d’expériences médicales faites sur des hommes noirs et pauvres de l’Alabama à leur insu) et dans de nombreux pays d’Amérique latine, à la suite de guerres civiles ou de nombreuses disparitions d’opposants.