Lors de la dernière semaine du mois de janvier, une assemblée extraordinaire qui rassemblait à Fort Simpson 73 délégués votants de onze communautés Dehcho s’est penchée sur le sort de Herb Norwegian, le grand chef de ces premières nations élu sous deux mandats depuis 2003. Celui qui avait été accusé de voies de fait par la cour territoriale en décembre 2007 a été destitué de ses fonctions immédiatement après la fin des pourparlers réunissant à huit clos, les chefs des communautés dénées, les meneurs Métis ainsi que plusieurs aînés de la région qui ont fait valoir leur politique de « Tolérance Zéro » envers la violence.
Dans un communiqué provenant du bureau des premières nations Dehcho, il est indiqué que seulement deux personnes se sont abstenues d’appuyer la résolution de destitution, alors que 59 l’ont supportée. La chef de la communauté de Fort Providence Berna Landry a expliqué en entrevue que cette décision avait été difficile. « Nous avons eu deux longues journées de discussions qui étaient remplies d’émotion. Herb Norvegian a travaillé énormément avec nos aînés et beaucoup l’ont soutenu durant cette réunion. Ce fût difficile de leur expliquer la portée de notre politique contre la violence. Mais ils ont compris qu’ils devaient changer avec le changement », commente la chef de la première nation Deh Gah Gotie.
Deux personnes extérieures à la région des premières nations Dehcho ont présidé la réunion. Bill Erasmus, le chef de la nation dénée au niveau national et Joanne Barnaby originaire de la communauté de Fort Good Hope. La co-présidente déclare que cette décision n’était pas une surprise. « Je considère que le processus de décision a été juste et que les aînés ainsi que les chefs ont pu s’exprimer et comprendre la problématique. Il était essentiel d’exposer que cette réunion n’était pas un autre jugement, car l’ancien chef avait déjà été déclaré coupable. Herb Norwegian a fait beaucoup de bon travail, il manquera à beaucoup de monde, pas seulement aux aînés », dit-elle.
Il faut montrer l’exemple
Une position à ce niveau décisionnel ne permettait aucun écart par rapport à cette politique contre la violence. « Quel message aurions-nous diffusé si nous l’avions laissé assurer ses fonctions de meneur? », questionne Berna Landry qui supporte fortement la « tolérance zéro » envers la violence dans sa communauté. Lloyd Chicot, le chef de la première nation Kaagee Tu, explique qu’il y a une histoire derrière cette politique. « Malheureusement, la mémoire des pensionnats indiens est rattachée à des abus. Beaucoup de membres de nos communautés y ont été exposés et nous nous devions de les aider en instaurant une politique à suivre. Que devrions-nous attendre d’une personne qui parle pour nous? La décision de condamner un tel comportement était nécessaire! » lance le chef de Kakisa en poste depuis 1991.
La suite
En ce vendredi 8 février, un grand chef suppléant sera nommé pour assurer les anciennes fonctions de Herb Norwegian par l’entremise d’une téléconférence. Au mois de juin prochain, une élection sera mise en place pour élire le nouveau grand chef des premières nations Dehcho, lors de l’assemblée annuelle qui se tiendra probablement à Jean Marie River.
Selon Mme Barnaby, tout ce processus n’affectera en rien l’avancement des négociations sur les revendications territoriales. « Le leadership ne sera pas absent longtemps, et cela ne change rien au mandat de l’équipe chargée des négociations », assure-t-elle.
De son côté, le chef Chicot exprime quelques inquiétudes au sujet des négociations.« Ce n’est pas vraiment un bon moment, nous devrions nous préparer et être à notre meilleur au niveau régional pour les négociations qui sont en place. Mais ce n’est le cas », conclu celui qui a refusé sa nomination sur la liste des suppléants au poste de grand chef.