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le Vendredi 9 mai 2008 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:36 Autochtones

Commission sur la réconciliation: Stephen Kakfwi est en faveur

Commission sur la réconciliation: Stephen Kakfwi est en faveur
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Stephen Kakfwi est convaincu que la mise en place d’une commission sur la vérité et la réconciliation est une bonne chose, même si une tribune de la sorte ne convient pas à tous. « Je suis reconnaissant de cette opportunité. Je ne vais peut-être pas la prendre, mais elle est là. Au moins, un gouvernement dans ce pays a dit qu’il reconnaissait que quelque chose était arrivé, que ça n’a pas été plaisant et que c’est regrettable », a confié celui qui a été premier ministre des TNO de 2000 à 2003.

Kakfwi a lui-même passé de nombreuses années de son enfance dans des pensionnats indiens. La première fois, alors qu’il avait neuf ans, il a fréquenté le Grollier Hall d’Inuvik. La deuxième fois, à l’âge de 12 ans, il a été envoyé au Grandin College de Fort Smith pour y rester jusqu’à l’âge de 18 ans.

Il a été témoin et victime de nombreux abus de la part des religieux dans ces pensionnats, mais étant jeune et naïf, il croyait que ces actes étaient justifiés. « Les prêtres et les religieuses étaient considérés comme des envoyés de Dieu. Certains d’entre nous ont été abusés très jeunes, de l’âge de 5-6 ans à l’âge de 8-9 ans. Nous sentions que ça l’arrivait parce qu’on le méritait et il était hors de question de le dire à nos parents ou nos grands-parents, car ils auraient été fâchés et ne nous auraient pas crus », a raconté Stephen Kakfwi.

Celui qui est aujourd’hui âgé de 57 ans a eu besoin de nombreuses années avant de parler de son vécu dans les pensionnats. « Vous savez, c’est pas avant l’âge de 40 ans que j’ai accepté d’en parler à ma femme et mes enfants, a-t-il dit. Ces choses-là ont été cachées pendant de si nombreuses années. C’est comme une plaie que tu couvres, mais qui ne guérit pas. »

Il donne même l’exemple de sa mère qui a gardé son secret jusqu’à l’âge de 82 ans. « Il y a cinq ans, ma mère nous a parlé pour la première fois qu’elle était allée dans un pensionnat indien pendant sept ans. Ça fait seulement cinq ans de ça et elle est maintenant âgée de 87 ans. Personne d’entre nous ne savait qu’elle était allée là. Elle m’a raconté des histoires troublantes. Je ne sais pas si, un jour, elle va accepter d’en parler en public », a confié M. Kakfwi. L’ancien premier ministre, qui s’est renouvelé dans la musique depuis, est conscient que cet exercice public de témoignage n’est pas pour tout le monde, d’autant plus que plusieurs n’osent même pas encore en parler à leur propre entourage, mais il sera bénéfique pour les participants.

« C’est une bonne façon de faire la paix avec le passé, de remettre les pendules à l’heure et une bonne façon de guérir. Tu ne peux pas oublier ces souvenirs, mais tu peux au moins essayer d’être en paix avec ça », a-t-il révélé.

« Si seulement le dixième des survivants des pensionnats indiens y vont et livrent leur histoire, ça va avoir déjà un impact », a conclu M. Kakfwi.