Le chef de l’Assemblée des Premières Nations, Shawn Atleo, a obtenu de nouveau la confiance des chefs autochtones du pays, le 18 juillet 2012, à Toronto.
Il aura fallu trois tours de scrutin avant que le gagnant soit officiellement nommé, mais finalement, Shawn Atleo est sorti vainqueur une nouvelle fois lors des élections pour le poste de chef de l’Assemblée des Premières Nations.
Pourtant, dès le premier tour, il était sans équivoque que le chef sortant dominait les scrutins et se dirigeait vers un autre mandat, mais il lui manquait tout de même une cinquantaine de votes pour atteindre les soixante pour cent nécessaires pour qu’un chef soit élu.
Puis au deuxième tour, il est passé encore plus près en récoltant 318 voix, se retrouvant seulement à trois voix d’une réélection.
Après plusieurs heures, l’attente s’est finalement terminée pour confirmer ce que tous savaient depuis le départ : Shawn Atleo a été réélu avec 341 votes sur 512 chefs autochtones, l’emportant à 66 % de majorité.
Les deux seuls autres candidats ayant survécu aux deux vagues de scrutin furent la Micmaque Pamela Palmater, qui a obtenu 141 voix, et le chef national déné Bill Erasmus, avec 30 voix. Les cinq autres candidats ont tous abandonné après le deuxième tour.
Plus impliqué
Lors de la campagne électorale, les autres candidats ont critiqué à plusieurs occasions le laxisme du chef à défendre les droits autochtones auprès du gouvernement fédéral. La candidate Pamela Palmater a même qualifié son règne d’« assemblée d’assimilation ».
« Nous occuperons les places qui nous reviennent dans nos territoires respectifs, a déclaré Shawn Atleo lors de son discours. Nous serons unis et nous mettrons enfin un terme au colonialisme. Nous rejetterons toute tentative gouvernementale de nier ou de faire disparaître nos droits. »
Le premier ministre du Canada, Stephen Harper, a fait savoir au chef par voie de communiqué qu’il était « impatient de pouvoir travailler de nouveau avec lui pour continuer à bâtir de solides partenariats entre les peuples des Premières Nations et les autres Canadiens, dans notre intérêt mutuel à tous ».
Shawn Atleo aura beaucoup à faire avec Stephen Harper en marge de projets importants touchant les Premières Nations, comme le Plan Nord du gouvernement du Québec et le pipeline Northern Gateway dans l’Ouest canadien.
La présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada, Marie-France Kenny, s’est aussi prononcée à la suite des élections.
« Je formule le souhait que les prochaines années soient marquées par un rapprochement entre les Premières Nations et les communautés francophones et acadienne du Canada, a-t-elle déclaré après avoir félicité Shawn Atleo par voie de communiqué. Comme le démontre, par exemple, le partenariat entre la Société nationale de l’Acadie et les Premières Nations de l’Atlantique pour le récent Pow Wow des Pêcheurs, nous avons beaucoup à nous apporter mutuellement. »
Marie-France Kenny a tenu à offrir à l’Assemblée des Premières Nations sa collaboration pour un resserrement des liens sur les enjeux politiques, sociaux et culturels.
Bill Erasmus discret
De son côté, le chef national déné Bill Erasmus s’est fait très discret à la suite du vote. La journée précédente, le 17 juillet, il avait touché des cordes sensibles à Toronto lorsqu’ils s’était présenté devant l’assemblée.
Essuyant des larmes, Bill Erasmus avait parlé de la colère des Autochtones et de l’amertume qui régnait au sein des débats.
« C’est vraiment difficile de sourire et ce n’est pas parce que je ne le veux pas, a déclaré Bill Erasmus. En voyageant à travers le pays, vous savez ce que j’y ai vu? De la colère. Notre peuple est en colère. J’ai déjà été adolescent et j’étais aussi en colère quand j’ai appris ce que d’autres nous ont fait. J’étais en colère et je voulais blesser des gens, me défouler. Mais j’ai rapidement compris que ce n’était pas la chose à faire, que ça ne fonctionnerait pas parce que c’est exactement ce qu’ils veulent qu’on fasse et que nous savons très bien qui ils sont. »
Depuis cette allocution, le chef national déné ne s’est pas prononcé dans les médias, excepté à CBC où il a affirmé qu’il y avait une raison pour laquelle ce n’est pas tout le monde qui a voté pour Shawn Atleo et qu’il avait hâte de savoir pourquoi.
L’Aquilon a tenté de joindre Bill Erasmus, mais sans succès.