le Lundi 21 avril 2025
le Jeudi 8 mai 2014 16:42 | mis à jour le 20 mars 2025 10:39 Autochtones

Langues La langue des Métis des TNO

Langues La langue des Métis des TNO
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Le français des Métis des TNO se rapprocherait de celui des Cajuns
 

Les Métis du Slave Nord parlaient — et parlent encore, un peu — une variante du français. C’est ce qu’affirme Susan Saunders dans une thèse de maîtrise en linguistique qui devrait être déposée en juin à l’Université de Victoria.
C’est à l’instigation de la North Slave Metis Alliance et de son président, Bill Enge, que Susan Saunders a entrepris cette recherche. Il existe une certaine confusion sur le sujet des langues employées par les Métis. D’une part parce qu’étant guides et faisant du commerce avec plusieurs tribus, ils se devaient d’être polyglottes. Deuxièmement, la langue des Métis a pu varier selon les régions, avec différents mélanges d’éléments empruntés aux langues européennes et autochtones. Enfin, une seule et même langue peut avoir différents noms. « Les Métis que j’ai rencontrés appellent indifféremment leur langue métis, métis french ou français », d’illustrer Susan Saunders.
Un certain nombre de Métis de Yellowknife ont dit à l’universitaire que leur famille était originaire de Fort Providence. Pour sa recherche, elle a donc fait des entrevues avec 15 résidents de chacune de ces localités, la moitié d’entre eux ayant entre 35 et 60 ans et l’autre plus de 60 ans. Lors des entrevues, qu’elle enregistrait puis transcrivait, Susan Saunders demandait à ses interlocuteurs, en anglais, de traduire une phrase dans leur langue maternelle. Saunders, qui parle correctement le français, a pu y décoder une variante de cette langue, peut-être modifiée avec le temps par l’oralité, l’absence de pratique de l’écriture et la situation de minorité linguistique. How old are you? a été traduit par Ve te comment vieux? Autre exemple : le mot yeux se prononce z’yeux, indépendamment de l’article qui le précède.
C’est une variante du français, conclut Susan Saunders, qui a évolué différemment du français ailleurs dans le monde. « Beaucoup de Métis, note-t-elle, m’ont dit qu’ils pouvaient comprendre plus facilement le français parlé par en Louisiane que celui parlé par les Québécois. »
La plupart des interlocuteurs métis de Saunders âgés de plus de 60 ans parlent couramment le métis, alors que les plus jeunes chercheront davantage leurs mots. Mais ils sont fiers de cet héritage et aimeraient s’y ressourcer davantage. Après ses études, Susan Saunders envisage de travailler avec les Métis à mettre en place à Fort Providence un enseignement du français. Le travail en littératie est aussi une option.