L’avocate manitobaine et métisse Aimée Craft jouera un rôle actif dans l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, qui vise à trouver des solutions à un problème systémique au sein de la société canadienne et de ses institutions. Son mandat de directrice de recherche s’étirera sur les deux prochaines années.
Cette enquête indépendante lancée l’automne dernier par Ottawa fonctionnera de manière différente que les commissions et enquêtes du passé, explique la Manitobaine, avec une approche plus ciblée.
« On a eu un délai au début, parce qu’on voulait mettre en place une bonne équipe et vraiment avoir un impact, explique-t-elle. Les commissaires ont clairement indiqué en partant avoir une bonne idée des problèmes, mais que ce sont les solutions et le manque de mise en œuvre des solutions déjà suggérées qui est problématique. »
L’experte des droits des Métis et des Premières Nations quitte son poste de directrice de recherche du Centre national de Vérité et Réconciliation, établi début 2015 à l’Université du Manitoba.
« On connaît les questions nationales, note l’avocate, mais on devra voir s’il y a des thématiques particulières à certaines régions. Il y a aussi des problématiques qu’on ne comprend pas, comme le trafic des femmes autochtones venant du Nord et les interactions à plusieurs niveaux du système judiciaire. On cherchera des solutions orientées vers les besoins des familles et des communautés, pas juste celles suggérées par des gouvernements. »
« Dans le passé, on a moins questionné les systèmes où le potentiel de discrimination est systémique », souligne Aimée Craft. Elle évoque le refus de confronter des pratiques de racisme documentées lors d’une enquête dans un hôpital de Winnipeg.
Accompagner les familles
L’accompagnement des familles qui participeront à l’Enquête se prépare aussi.
Les Femmes autochtones du Québec, qui représentent dix nations québécoises et des membres en milieu urbain, participeront aux travaux de la Commission. Pour le moment, la première préoccupation de l’organisation est de définir son rôle dans les travaux, explique la présidente Viviane Michel.
« On a été invité à participer à une table de travail pour aider les commissaires dans leur planification. On pourra faire des suggestions. Par exemple, comment inclure les langues dans les audiences publiques. »
L’organisme possède aussi une expertise qui sera offerte dans l’éventualité que certains témoignages soumis aient des implications juridiques. Le principal souci demeure toutefois l’inclusion et la préparation des familles au processus.
« On attend ce moment depuis très longtemps, signale Viviane Michel. Nous allons donner du soutien aux familles, qui sont les acteurs principaux dans cette problématique. On veut que la Commission soit claire dans son mandat et ne pas créer de fausses attentes.
« Les familles s’attendent à ce qu’on va régler leur cas personnel, dit-elle, et ce n’est pas encore clair. Il faut leur expliquer c’est quoi une enquête et les préparer aux entrevues. La Commission aurait dû déjà penser au soutien psychologique et émotionnel des familles, avant, pendant et après les travaux. »