Crystal Fraser a publié une liste de 150 actions de réconciliation, le 4 août, pour les 150 derniers jours du « Canada 150 ».
L’idée originale de Crystal Fraser, Gwichya Gwich’in (Tsiigehtchic) et Dachan Choo Gèhnjik (Tree River), candidate au doctorat en histoire de l’Université de l’Alberta, a émergé lorsque les célébrations du « Canada 150 » ont commencé à être publicisées. Déterminée à exposer ce que signifie être autochtone au Canada en 2017, et aussi à réagir contre ce 150e anniversaire, elle se met à inscrire une série d’actions pour la réconciliation dans son téléphone. Après une semaine à enregistrer ses pensées – que ce soit sur la route ou lorsqu’elle prépare le déjeuner pour sa fille – elle arrive à une liste de presque 50 actions.
Pour trouver les 110 actions manquantes, elle décide de travailler avec une colonisatrice canadienne, soit une collègue d’université, Sara Komarnisky. Toutes deux mères, elles se rencontrent à quelques reprises, réfléchissent pendant que les enfants dorment, et collaborent à distance pour en arriver au résultat final : la liste. Celle-ci comprend des références vers des films, podcast, ouvrages, et des pistes de réflexions sur l’histoire des peuples autochtones et la réconciliation.
« Les réactions ont été immensément positives. La dernière fois que nous avons parlé à Active History, où la liste a été publiée en anglais, nous avions 12 000 vues sur la publication du blogue. Sara et moi avons reçu une douzaine de courriels et de messages de soutien, de ce que pourrait être une 151e, 152e, 153e actions pour la réconciliation », détaille Crystal Fraser.
Des actions ont déjà été entreprises : plusieurs Canadiens auraient déjà écrit aux politiciens pour demander que les drapeaux de Premières Nations soient déployés sur les édifices locaux-provinciaux-fédéraux (action no 40).
Les réactions n’ont toutefois pas toutes été favorables. « Nous avons fait la liste pour les personnes qui avaient décidé que la réconciliation était quelque chose d’important pour eux. Je suppose que ces commentaires plus négatifs sont peut-être de personnes qui ne croient pas que la réconciliation de ce pays est importante. »
Pour Crystal Fraser, le projet permettra de doucement inclure ces personnes dans la conversation. Un point de départ.
Quoi faire aux TNO ?
« Regardez ce que vous pouvez faire localement, assister à des événements autochtones locaux. […] Les collectivités de Dettah et de Ndilo ont souvent des activités, je pense qu’il y a beaucoup de choses qui se passent, peut-être qu’il faut juste chercher. Le Centre du patrimoine septentrional Prince-de-Galles a des événements aussi. Une des choses cool à Yellowknife, c’est les Archives des TNO. Ils sont super chaleureux avec le public, alors pourquoi ne pas y faire une visite pour voir quelques photographies historiques et en apprendre plus sur l’histoire de Yellowknife? », suggère la Ténoise. Elle ajoute qu’un premier petit pas pour certaines personnes peut simplement être de reconnaitre qu’ils sont visiteurs dans cette région.
Organisme de réconciliation
L’action no 2 propose de trouver son organisme de réconciliation local. « De ce que je sais des Territoires du Nord-Ouest, il n’y a pas d’organisme de réconciliation. Celui d’Edmonton s’appelle RISE – Reconciliation in Solidarity Edmonton – et de ce que je comprends, c’est le premier organisme de réconciliation. »
Les organismes de réconciliation sont des endroits où généralement Autochtones et non-Autochtones peuvent se rencontrer pour aborder la réconciliation. À Edmonton, le RISE organise des événements, club de lecture, des exercices de couvertures et des ateliers pour promouvoir les cultures autochtones, par exemple. Un modèle similaire qui pourrait aisément être implanté aux Territoires du Nord-Ouest par des résidents nordiques ambitieux, de l’avis de Crystal Fraser, compte tenu du financement prévu pour ces activités en ce moment.
Actions favorites de Crystal Fraser
11 – Choisissez une plante ou une fleur de votre environnement et apprenez comme les populations autochtones l’utilisent ou l’utilisaient : « C’est quelque chose de facile, à l’extérieur. Nous sommes connectés à la nature tous les jours, donc je pense que celle-ci est très faisable. »
32 – Écoutez davantage, parlez moins : « Ça ne veut pas nécessairement dire que notre opinion ne peut pas être entendue, mais il y a certains espaces où nous pouvons apprendre l’un de l’autre plutôt que de tenter d’imposer sa vision tout le temps. »
144 – Lisez l’histoire de l’une des femmes autochtones disparues ou assassinées (de votre propre région).
145 – Retenez son nom et apprenez-en à propos de sa vie.
Publié originalement sur activehistory.ca et traduit en français par : Maurice Demers, Catherine Larochelle, Olivier Bérubé-Sasseville et Pascal Scallon-Chouinard (visitez le histoireengagee.ca/?p=7273)