Leur séjour aux T.N.-O., une aventure dont ils se souviendront longtemps ! Après l’annulation de leur spectacle à Yellowknife pour cause de pluie et de grêle, les sept membres du Grand Dérangement avaient des fourmis dans les pieds, des picotements sur le bout de leurs doigts et un moustique s’est même logé dans la gorge du chanteur, Briand Melançon.
Ce dernier aura goûté au Nord dans tous les sens du terme, puisqu’en répondant gentiment à mes questions, un moustique s’est faufilé entre une belle rangée de dents blanches pour emprunter un curieux tunnel !
Heureusement, notre chanteur s’en est remis pendant que j’éclatais de rire. « Tu ne vas pas mettre ça dans ton article ? » Oh que si, ça fait partie de l’aventure ! « Ça arrive-tu souvent partout ? », de demander Briand. Hummm! Et quelle aventure ! En route pour Hay River et Fort Smith où le groupe était attendu respectivement samedi et dimanche soir, le vieux Ford vert loué pour l’occasion allait nous en faire voir de toutes les couleurs. Après de sympathiques rencontres avec la faune locale, en l’occurrence les bisons, la température du moteur a grimpé pour se diriger vers la zone H (HOT).
Le moteur s’est mis à chauffer et, un moment, l’accélérateur ne répondait plus à la pression du pied de notre chauffeur, André Boulanger, dit le dieu grec (petit surnom qu’il s’attribua lui-même et qui allait lui coller à la peau tout au long du voyage). Bref, après quelques péripéties, le groupe ayant failli donner un concert en plein air en l’honneur des bisons de Fort Providence, la providence (! ) est venue à notre rescousse et nous avons atteint la première destination, soit Hay River ! Par ailleurs, les membres du groupe ont connu pire.
KM Quel a été l’un de vos pires moments sur scène ?
« Lors d’un récent concert en Roumanie, ça brûlait dans les cordes. Plus rien ne fonctionnait, car le feu était pris dans le câblage. Nous en étions à l’avant-dernière chanson, puis il a eu un gros BANG et le concert a pris fin abruptement. On n’a même pas pu expliquer à la foule ce qui se passait car nos micros étaient brisés et la majorité des spectateurs ne parlaient ni anglais ni français », m’ont raconté les danseuses du groupe.
KM Quel est le sentiment qui vous habite sur scène ?
« C’est un bon sentiment, c’est excitant. On s’amuse. On pense point à ce qui est arrivé pendant la journée. C’est pas un travail », révèlent les trois jeunes femmes. Le plus difficile, pour elles, c’est la scène. « Parfois certaines scènes sont petites et glissantes. Une fois la scène était même recouverte de tapis », raconte Janice. Avez-vous déjà essayé de danser la claquette sur du tapis ?! KM Qu’est-ce que vous appréciez des tournées ?
« Voir différentes places. Je ne serais jamais venue ici de ma vie », s’exclame Janice, qui danse avec le groupe. « Je vais me rappeler d’André pis de la fourgonnette », a souligné Christiane en riant.
KM Quel souvenir allez-vous garder des T.N.-O. ?
Les trois danseuses de claquettes ont affirmé qu’elles n’oublieraient pas les routes de gravier, les bisons et les maringouins. « Je croyais que c’étais beaucoup plus gros. Et toute cette lumière, c’est totalement étrange », s’est exclamé le bassiste du groupe, Jill. « En pensant à Yellowknife, il me venait l’image de la neige » a-t-il ajouté. « Moi, je vais me souvenir de la tranquillité (innerpeace) et de la nature », révèle Daniel, le violoniste.
KM Que représente la musique ?
« J’ai toujours joué. Ma whole famille joue. C’est dans mon sang. J’ai appris dans les partys, il y en avait tellement. Moi, la musique, j’pense que c’est quand ça touche le monde. Je regarde une personne qui est en train de sauter et pis je la regarde pendant le spectacle. À Fort Smith, il y avait un vieil Indien, et puis il ne pouvait pas s’arrêter de bouger. C’est là que j’ai trippé, quand je regardais cette personne-là. À la fin de chaque concert, je vais voir cette personne puis je lui donne un CD », de raconter l’aîné et pianiste du groupe, Jackie.
« C’est ça que j’ai été mis sur la terre pour faire, à vie », s’exclame Daniel. « Effectuer une performance « live » c’est la meilleure partie de l’expérience. C’est tout ce que je peux faire. Je ne peux rien faire d’autre. Je sens que c’est ce que je dois faire », avoue le bassiste, Jill qui est unilingue anglophone.
KM Jill, comment te sens-tu dans un groupe francophone ?
« J’aime la musique, elle est agréable et on sent l’énergie et la présence de chacun des membres du groupe sur scène. Je ne comprends pas les paroles. Je connais seulement les titres des chansons. Pour moi, la mélodie est plus importante que le sens des mots. J’ai déjà fait partie d’un groupe qui chantait en gaélique et je n’avais aucune idée de la signification des paroles que la chanteuse interprétait, » admet-il.
KM Et la gloire et les admirateurs ?
« On est juste normal, comme tout le monde » Daniel
KM Eh bien, continuez de l’être! Si c’est ça la norma-lité, le monde est sauf !