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le Vendredi 25 janvier 2002 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Culture

Faire briller ses talents Pièce de signature de BHP créée par un francophone

Faire briller ses talents Pièce de signature de BHP créée par un francophone
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C’est retiré dans son atelier bric-à-brac de 1000 pieds carrés que François Thibault a imaginé un bijou extravagant, luxueux, démesuré. Les dirigeants de BHP, qui lui ont demandé de soumettre quelques croquis, ont adoré le concept, mais un peu moins la valeur estimée de la création. Selon les plans initiaux, la comète de diamants qui forme une branche du collier aurait valu près d’un million de dollars.

« J’avais commencé avec des diamants un peu trop gros. J’aurais aimé que tous les diamants se touchent. Mais ça ne veut pas dire qu’un jour je ne vais pas en faire un autre avec de plus gros diamants ! » s’exclame le créateur.

La grandeur, François Thibault ne l’a pas toujours connue, lui qui, à ses débuts, il y a 17 ans, travaillait dans un cabanon. Maintenant, Originals by T-Bo a pignon sur rue au centre-ville de Yellowknife. Son propriétaire a assez d’équipement pour démarrer une petite manufacture et il ne rencontre ses clients que sur rendez-vous.

La pièce, dorénavant propriété de BHP Billiton, est une commande passée à la vitesse d’une … comète ! « Ça a été vite et furieux, mentionne François Thibault. La représentante de BHP est arrivé dans mon atelier le jeudi et je devais soumettre mes plans le lundi suivant. Je me suis enfermé toute la fin de semaine dans mon studio et j’ai sculpté en argent une copie de la pièce. »

Dévoilé officiellement lors de la conférence sur l’entreprenariat et l’investissement Prospect North en septembre 2001, le collier en or jaune et blanc de 18 carats, serti de 13 diamants canadiens de haute qualité, est presque passé inaperçu ici. Il a été acclamé dans toutes les villes où il était de passage.

Le bijou, qui représente une traînée d’étoiles traversant un ciel d’aurores boréales, s’est rendu à Dallas, au Texas, quand le Premier ministre Stephen Kakfwi s’est déplacé avec la mission commerciale canadienne à la fin de l’année dernière. « On m’a dit que ça a fait fureur. J’en ai beaucoup entendu parler. »

L’artisan joaillier est le premier du Nord à mettre à contribution son talent auprès de la compagnie minière, qui ajoute à chaque année une pièce à leur collection d’une demi-douzaine de bijoux. Le collier, qui n’a pas de nom sinon celui de son créateur, est leur pièce de signature. « Ça fait du bien après 17 ans à temps plein comme artiste, témoigne l’artisan. C’est une bonne occasion de montrer mes œuvres. »

Les diamants utilisés pour la confection du bijou ont été taillés spécialement pour le projet. « Ce sont des pièces taillées fantastiquement, ça n’a pas de bon sens, s’émerveille-t-il. On peut voir à l’intérieur de la pierre des flèches et des cœurs avec le reflet de la lumière. » Une qualité exceptionnelle qui a fait frémir l’artisan. « Ça rend un gars pas mal nerveux! Je me disais : il ne faut pas que je casse ça ! »

La corne, la pierre, l’ivoire et le bois étaient la base de l’activité artistique de l’artisan jusqu’à tout récemment. C’est une blessure aux mains qui l’a obligé à rediriger son tir. Avant de faire le saut vers le métal, il envisageait d’entreprendre une nouvelle carrière en informatique. « Je me suis endommagé les nerfs des mains avec les vibrations d’une scie électrique, lorsque je faisais des compétitions de sculptures sur neige. Un ami m’a suggéré de créer à partir du métal, car je n’avais qu’à sculpter de la cire (pour faire les moules) ». Malgré les blessures, il a commencé à tailler directement le métal, peu habitué à être délicat dans ses mouvements. « J’apprends petit à petit à adoucir ma touche. Je suis habitué à plus de pesanteur, de dureté. »

François Thibault espère que ce contrat va changer beaucoup de choses, mais il garde les deux pieds sur terre. « Si c’est positif, parfait. Si ca ne change pas ma vie, parfait aussi. » Il prépare présentement une soumission pour le magazine Canadien Geographic, qui veut offrir des bijoux fabriqués au Nord, avec des diamants canadiens. Et il ajoute : « J’ai retenu les droits du collier, ce qui veut dire que je peux en fabriquer un plus petit, avec une pierre plus raisonnable. »

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