Après près de dix ans de léthargie, le développement culturel en situation minoritaire retrouve peu à peu ses galons.
C’est la baisse dramatique du financement dans le secteur du développement culturel et son délaissement au cours de la dernière décennie qui a rappelé à la Fédération culturelle canadienne-française son mandat. Dans l’ombre du secteur des arts depuis 1990, le développement culturel reprend la route sous l’égide de l’organisme national qui entend bien redonner un souffle à ce domaine négligé. « Ce n’est pas glamour investir dans la culture », a souligné la responsable du développement culturel à la FCCF, Annabelle Cloutier.
Une série de consultations menée par l’organisme s’est terminée à Yellowknife la semaine dernière, séance au cours de laquelle 18 représentants de la culture des T.N.-O. ont détaillé le portrait des T.N.-O. en matière de développement culturel. Le constat : peu de ressources humaines, un manque d’espace, de financement et de formation, mais une communauté en transit, jeune, dynamique et scolarisée.« Le développement culturel est un cercle vicieux. L’individu a sa culture, mais il faut des structures pour la vivre, cette culture », a mentionné Robert Galipeau, gestionnaire à la section des langues officielles au ministère de l’Éducation, de la Culture et de la Formation, ajoutant qu’un segment de la population est toujours hésitant à s’investir dans les organismes francophones. « Ce n’est pas par refus de vivre sa culture, mais parce que certains n’aiment pas les gens dans les associations, n’aiment pas les buts politiques. »
Autant les représentants de l’Association franco-culturelle de Yellowknife que du ministère de Patrimoine canadien s’entendent pour dire que l’absence d’un ou d’une monitrice culturel (le) est un frein au développement de projets culturels. Les organismes des T.N.-O., bien que travaillant dans un dessein commun, manquent de coordination. Le dossier du centre communautaire a fait également surface au cours de la discussion.
Côté financement, Annabelle Cloutier a rappelé que la difficile attribution des ressources financières est due à la position des organismes culturels, ni tout à fait artistiques, ni entièrement culturels. « Les organismes sont entre deux chaises. Beaucoup d’organismes ne peuvent pas remplir les exigences des programmes de financement. » La représentante estime qu’une reconnaissance du secteur par la société et les décideurs publics, jouxtée à une collaboration financière et technique de la FCCF, pourra susciter un développement durable du secteur culturel.
Les participants à la rencontre n’ont pas retenu leurs points de vue sur l’inefficacité qu’engendre parfois ce genre de consultations. Les « rapports sur les tablettes » ont miné le moral des organismes qui s’attendent à des résultats concrets. « Ça fait des années que la FCCF a oublié le développement culturel, a indiqué Lise Picard, gestionnaire à Patrimoine canadien. Enfin! Quelqu’un est là! » Le directeur général de la Fédération Franco-TéNOise, Daniel Lamoureux, n’a pas manqué d’exprimer son scepticisme. « Je suis ici depuis 1993 et je n’ai jamais rien vu de la FCCF qui a eu un impact sur le terrain ici. Pas un sou, pas d’aide technique, pas de formation. »
Un point de vue qui n’est pas nouveau selon Annabelle Cloutier, qui n’a pas lésiné sur les kilomètres et a transporté son dossier de la culture à travers les communautés francophones et acadiennes du pays et ce, en quatre mois. « Il y a vraiment des constantes à travers le Canada au niveau du manque de financement, la formation des gens en place, le manque de ressources humaines. »
Cette rencontre s’inscrit dans l’échéancier que s’est fixé l’organisme, qui entend bien trouver des solutions viables et à long terme pour raviver le secteur culturel. À l’ordre du jour, une rencontre nationale des intervenants culturels aura lieu en juin prochain, à St-Boniface et un Forum national sur le développement culturel est prévu pour septembre 2003, à Moncton.
La Fédération culturelle canadienne-française célèbre son 25e anniversaire cette année. Fondé en 1977, l’organisme est formé de 11 représentants provinciaux et territoriaux et de cinq regroupements artistiques nationaux en théâtre, en littérature, en chanson-musique, en arts médiatiques et en arts visuels.