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le Vendredi 23 août 2002 0:00 Culture

Dépeindre les besoins

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Le secteur des arts demande au gouvernement de soutenir l’industrie culturelle et artistique.

Derrière les bâtiments des compagnies qui exploitent le diamant et le gaz naturel se profile une communauté artistique qui œuvre dans l’ombre. Enfant pauvre de l’économie ténoise, le secteur des arts se fait damer le pion par les gros joueurs économiques du Nord. Faute de moyens financiers et de reconnaissance, les artistes des Territoires du Nord-Ouest ont appris une chose au cours des dernières années. Mieux vaut faire route seul. Le NWT Arts Strategy Advisory Panel leur a donné la chance de se retrouver et d’échanger. La liste d’épicerie est longue.

« Le besoin de lieux d’exposition, d’argent, de commercialisation, de reconnaissance de la culture en tant qu’industrie propre et non en tant qu’industrie touristique, de support politique de la part des députés, de programme de crédit d’impôts pour les acheteurs, de sauvegarde des pratiques traditionnelles et de classe d’art plus stimulantes en milieu scolaire sont quelques-unes des priorités des artistes », énumère longuement Suzan Marie, coprésidente du comité, qui a participé à chacune des rencontres qui se sont déroulées dans les communautés au cours des derniers mois. Le bilan n’est pas encore fait, mais déjà les demandes des communautés ont trouvé écho à Yellowknife, lors du passage du comité le 13 août dernier.

Le salut, pour ces créateurs, passe par un bureau gouvernemental, sorte de plaque tournante des arts aux T.N.-O., qui veillerait sur les communications, mettrait sur pied un réseau, ferait la promotion des arts et aiderait les artistes à faire des demandes de bourses. Ce genre de programme a existé avant la création du Nunavut. Selon les intervenants, c’est aujourd’hui le néant. « Le gouvernement ne voit pas les artistes d’un point de vue économique, explique Suzan Marie. Les artistes ont fait des œuvres pour presque rien. C’est pourquoi ils recommandent le retour d’un programme gouvernemental. » Les accusations ont été claires lors des forums. Le gouvernement ne voit que les secteurs diamantifères et gaziers dans sa soupe. « Il y a beaucoup d’artistes dans le Nord et de gros montants d’argent sont investis dans le diamant et le gaz naturel », résume la coprésidente, qui reconnaît que cette situation peut être frustrante pour les créateurs.

La mise sur la glace de ce secteur a eu pour résultats l’isolement des artistes et le fait qu’ils sont démoralisés. L’accès aux bourses est devenu un exercice complexe et rigide et ceux qui découvrent de nouvelles sources de financement se gardent bien d’en faire part à leurs pairs. « Il y a si peu de programmes de financement que les artistes se battent entre eux pour y avoir accès. Ils ont leur petit monde avec leur propre financement et ne sont vraiment pas près de le partager. » Pour certains artistes, c’est le langage gouvernemental qui les freinent. Pour d’autres, ce sont les critères de sélection aux bourses qui bloquent leur inspiration. Comme ce photographe qui, lors de la rencontre, s’est dit frustré de devoir revoir son exposition pour satisfaire aux exigences des programmes de financement. « Ce n’est pas possible pour un artiste d’enlever un morceau du projet, s’objecte Suzan Marie. Le gouvernement doit assouplir ses critères car les artistes ne peuvent pas, eux, avoir cette flexibilité. »

Le comité déposera, cet automne, ses recommandations à l’Assemblée législative. Composé de douze représentants du monde des artistes, des affaires, du gouvernement et d’organisations non gouvernementale, il est dirigé par les ministères des Ressources, de la Faune et du Développement économique et de l’Éducation, de la Culture et de la Formation.