Selon le président du Comité spécial sur la révision de la Loi sur les langues officielles, Steven Nitah, la Fédération Franco-TéNOise (FFT) a décidé de quitter le processus de consultation par stratégie politique.
Le député Steven Nitah a fait un lien, cette semaine, entre le départ de la FFT des ateliers de travail sur la révision de la Loi sur les langues officielles et la poursuite judiciaire que l’organisme francophone a intenté contre le gouvernement territorial. On se souviendra qu’insatisfaite du rapport d’étape soumis en chambre par le Comité spécial, la FFT s’est officiellement retirée du processus de révision, le 1er octobre dernier.
« La FFT est motivée par le recours judiciaire intenté par le gouvernement. Nous avons injustement été dépeints comme étant sur la même ligne que le GTNO », de mentionner le député Nitah, qui se considère déçu par la tournure des événements.
Ce dernier admet cependant que le rapport d’étape, déposé en juin, ne contenait pas beaucoup d’éléments provenant des mémoires de la FFT, de la Fédération des communautés francophones et acadiennes du Canada (FCFA) et de la Commissaire aux langues officielles. Le député mentionne que lorsque ces mémoires ont été déposés, la tombée pour la production du rapport d’étape se pointait rapidement à l’agenda.
« Nous allons regarder à nouveau les mémoires et voir ce que l’on peut faire pour les inclure dans le rapport final », d’ajouter M. Nitah, qui mentionne que le processus de consultation est, à toutes fins pratiques, terminé. Selon lui, le comité étudie aussi les suggestions que la commissaire fédérale aux langues officielles, Dyane Adam, a déposées. « Nous évaluons sérieusement ce que ça veut dire financièrement et législativement », dit-il.
« La réalité, aux Territoires du Nord-Ouest, est que nous recevons notre financement du gouvernement fédéral et nous survivons avec ça. Nous ne pouvons pas générer nos propres revenus. Alors, lorsque nous avons le choix entre nourrir un enfant qui a faim ou offrir un service en français, le choix est logique », d’ajouter M. Nitah.
« Les francophones font ce qu’ils croient qu’ils doivent faire pour leurs droits linguistiques. Ils se sont battus pour ça au cours des 200 ou 300 dernières années à travers le Canada. Je crois que la communauté francophone des T.N.-O est différente de la FFT. Il y a une entité politique pour tout le monde. En tant que Déné, je peux dire que ce ne sont pas tous les Dénés qui supportent tout ce que fait la Nation dénée », de poursuivre le député qui, outre le départ des représentants francophones, se dit ravit des ateliers tenus les 1er et 2 octobre à Hay River.
« Les directions contenues dans le rapport d’étape ont été appuyées par le reste des communautés linguistiques des T.N.-O. Nous avons senti un fort appui aux neuf orientations stratégiques contenues dans le rapport d’étape, notamment, pour la création d’une agence indépendante qui aurait pour tâche de gérer la Loi sur les langues officielles », de mentionner le président du comité spécial.
La FCFA en appelle au gouvernement fédéral
De son côté, le président de la Fédération des communautés francophones et acadiennes (FCFA), Georges Arès, croit que le gouvernement fédéral aurait dû s’impliquer davantage dans le processus de révision de la Loi sur les langues officielles des Territoires du Nord-Ouest. « J’aurais espéré plus d’encouragement de la part du gouvernement fédéral pour s’assurer que la révision de la loi reconnaît les obligations territoriales vis-à-vis du fait français aux T.N.-O. », dit-il.
Selon ce dernier, le gouvernement fédéral peut le faire de façon juridique, « parce que constitutionnellement, il est responsable des territoires », ou en octroyant des ressources financières. « C’est une question de volonté politique de la part du gouvernement fédéral, d’aider à ce que la révision soit la meilleure chose qui pourra aider à assurer les services en français et assurer l’avenir de la communauté francophone aux T.N.-O. », de lancer M. Arès, qui ajoute que le gouvernement fédéral « est en train de manquer son coup », dans les trois territoires canadiens.
Georges Arès se dit pas surpris du fait que peu d’éléments du mémoire de la FCFA aient paru dans le rapport d’étape du comité. « Je ne m’attendais pas à ce que le gouvernement territorial était pour accepter tout ce que la FCFA, la FFT et la commissaire aux langues ont présenté. C’est pour ça que je dis que si on laisse les gouvernements des provinces et des territoires agir comme ils le veulent sur la question de la dualité linguistique, ça devient un problème pour l’avenir. Si le gouvernement territorial avait beaucoup de bonne volonté sur la question du fait français, on n’aurait pas besoin de demander l’intervention du fédéral », de mentionner le président qui considère que c’est à la FFT de décider de ses actions dans ce dossier.