Statistique Canada dévoilait, le 10 décembre, les derniers résultats du recensement 2001, concernant les questions liées à la langue. Un peu partout à travers le pays, les journaux francophones titraient « Le taux d’assimilation est à la hausse partout au pays »
Il y a lieu ici d’apporter quelques clarifications.
Statistique Canada ne publie pas de données sur le taux d’assimilation. Ce dont on parle dans le rapport, c’est du taux de transfert linguistique. Ainsi, de 1996 à 2001, le taux de transfert linguistique du français vers l’anglais est passé de 36,5 à 38,1 pour cent. Est-ce à dire que les francophones de cette tranche de 38,1 pour cent ont cessé de parler français ? Pas nécessairement !
Cette mesure indique la proportion de personnes dont la langue maternelle était le français, mais qui parlent principalement l’anglais à la maison. Je fais partie de cette tranche de la population et je peux affirmer que je ne suis pas assimilé. Je fais simplement partie d’un bon nombre de Canadiens-français vivant dans un couple exogame, c’est-à-dire dont l’un des conjoints est anglophone.
On peut parler d’assimilation lorsque les deux membres du couple sont de langue maternelle française et qu’ils s’expriment surtout en anglais entre eux à la maison. Il va sans dire que leurs rejetons seront de jeunes anglophones.
Une autre aberration journalistique, c’était le titre indiquant « De moins en moins de francophones au Canada ». Pourtant, on comptait 6 711 630 francophones au Canada en 1996 et 6 782 320 en 2001, soit une augmentation (et non pas une décroissance) de 1,1 pour cent. Il est vrai que la proportion de francophones par rapport à l’ensemble de la population canadienne a diminué de 23,5 à 22,9 pour cent de 1996 à 2001.
Voulez-vous entendre parler d’une autre augmentation ? On comptait 6 448 615 personnes qui parlaient surtout français à la maison en 1996 et 6 531 375 en 2001 soit une augmentation de 1,3 pour cent. Il est vrai que le pourcentage de ces personnes par rapport à la population totale du Canada est passé de 22,6 % à 22,0 % de 1996 à 2001.
Le but de cet éditorial n’est pas de minimiser l’impact de l’assimilation au pays, mais surtout de prévenir les lecteurs sur une utilisation erronée des données de Statistique Canada alors que les analyses pleuvent de toute part.
