À l’automne dernier, Françoise Jaussoin s’inscrivait à un atelier de couture de perles donné par une aînée autochtone, Alice Lafferty. Les liens qui se créent entre les participantes à cet atelier a fasciné la journaliste de formation qui a décidé d’y tourner un documentaire au cours de la session hivernale.
« C’est un lieu unique de relations humaines et de relations presque affectives, même, entre les participantes. Il y a des personnes qui sont de toutes les conditions sociales et culturelles, et qui proviennent d’à peu près partout. C’est un échange culturel très intéressant », explique Françoise.
Cette dernière a toujours été intéressée par l’artisanat, particulièrement par la confection artistique reliée aux perles. « Je regarde de simples fleurs brodées sur des morceaux de cuir, des mocassins ou des sacs et je trouve qu’elles sont tellement parfaites » d’apprécier Françoise Jaussoin qui se dit épatée par le contraste entre la vie traditionnelle rude que vivaient autrefois les femmes autochtones et la beauté d’une pièce confectionnée à l’aide de perles.
Pour l’aider à mener son projet à terme, Françoise reçoit l’aide de Martin Boudreault, diplômé en cinéma à l’Université Laval. « Elle m’a parlé du projet et je suis venu un soir avec la caméra. J’ai regardé ce qui se passait, j’ai filmé un peu et j’ai embarqué tout de suite, parce que c’est vraiment un lieu unique. Les gens tissent des perles, mais en même temps, ils tissent des liens. Ça faisait donc une image très intéressante à exploiter », dit-il.
Le documentaire de Françoise et de Martin sera axé sur Mme Lafferty. « Je vois le documentaire à travers le portrait d’Alice. Elle est le pivot de l’activité. C’est pour elle que les gens viennent apprendre parce qu’elle a des techniques et un sens artistique très développés. Je veux voir tout ce qui se met en place au niveau technique, au niveau des échanges et des relations qui s’établissent », d’expliquer la réalisatrice du documentaire.
Alice Lafferty est en effet un personnage intéressant. Âgée de près de 80 ans, toujours bien portante, elle parle français, anglais et dogrib. L’héritage francophone de l’aînée provient de son grand-père qui a introduit cette langue dans la famille. Au cours des ateliers, Alice demeure discrète. À la manière autochtone, elle attend que les participantes viennent lui poser des questions. « Après la bénédiction du conseil d’administration du centre communautaire Tree of Peace pour tourner le documentaire, les participantes m’ont dit qu’il était à peu près temps que quelqu’un fasse quelque chose sur Alice ! », lance Françoise.
Selon Martin Boudreault, la présence de la caméra ne modifie pas les comportements des participantes à l’activité. « Au début, c’est sûr que c’est un peu intimidant pour elles. L’important, c’est de ne pas trop se mettre en évidence et de rester à l’écart. Les gens s’habituent tranquillement et ils finissent par oublier la présence de la caméra. C’est à ce moment là qu’on va chercher les meilleures images », d’expliquer celui qui en est à son premier documentaire.
En juin prochain, lorsque les deux artisans auront mis la dernière touche au montage, il ne sera pas question de laisser la cassette disparaître sous la poussière d’une bibliothèque. « On espère que ça passera à la télévision. Que ce soit au canal communautaire, à CBC ou APTN. J’aimerais que le documentaire soit éducatif et que cette technique de couture de perles puisse être vue ailleurs qu’ici, puisque ça en vaut vraiment la peine », d’expliquer Martin. De son côté, Françoise espère que leur création pourra être vue en anglais, en français et dans une langue autochtone.
