Il n’y avait pas que des notes de musique qui transperçaient l’air chaud de Yellowknife lors de la 23e édition de Folk on the Rocks. Les effluves de crème solaire et les nuages de sable ont flotté sur les berges du lac Long lors de ce week-end musical marqué d’un soleil au meilleur de sa forme. Les mégalomanes avertis se sont armés contre les rayons UV pour se trémousser aux rythmes d’été de ce festival qui accueille, à chaque année, des centaines de fans.
Malgré son nom, le festival ne se cantonne pas qu’au style folk. Les organisateurs de cette édition ont misé davantage sur le mélange des genres. Le festival a emprunté des avenues cosmopolites en offrant aux festivaliers une gamme de genres musicaux, allant du ska, du reggae et du hip hop aux mélodies indiennes ghazals et Punjabi. Pour la première fois cette année, la direction artistique du festival a donné la chance à trois styles musicaux, le folk, la musique indienne et les chants de gorge, de se fusionner lors d’ateliers de création qui ont précédés le festival. Le résultat : une performance qui a fait applaudir une foule enthousiaste, prélassée sur l’incontournable estrade de sable.
Bien qu’élargissant ses frontières, le festival ne s’est pas éloigné de son mandat, qui est de donner la scène aux talents du Nord. Plusieurs artistes locaux ont prouvé encore une fois que le Nord regorge de musiciens chevronnés. Evik Ayalik et Melody Kuneluk, deux jeunes chanteuses de gorge de Kugluktuk et Pat Braden, un multi- instrumentiste qui maîtrise l’art du Stick, un instrument hybride qui allie la guitare et la basse se sont partagé la scène avec la chanteuse indienne Kiran Ahluwalia. D’autres noms ont fait briller la scène musicale du Nord, dont Jay Gilday et Stephen Smith, deux auteurs-compositeurs-interprètes de Yellowknife, le violoniste d’origine métis, Lee Mandeville, et la formation hip hop Liquid Eyez. La communauté de Hay River a bien été représentée par le groupe Sip Yek Nom, formé de quatre jeunes énergiques qui ont brassé l’atmosphère avec leur punk-métal décapant. Le bluegrass, devenu la marque de commerce du festival, n’a pas été oublié malgré le changement de cap de la programmation. Le Yellowknife Bluegrass Revue, formé de différents musiciens éclectiques, dont quelques francophones et francophiles, a fait résonner ses violons, guitares, mandoline et violoncelle. Le Nunavut a également été de la partie, avec Attima Hadlari et ses deux sœurs, Bernadette Uttaq et Alise Kameamalik, qui ont fait honneur aux chants et aux histoires traditionnels inuits. Sous les 20 degrés Celsius ambiant, Attima a convié le public sur scène pour jouer de son tambour.
Les festivaliers ont, comme à leur habitude, dansé jusqu’à faire lever la poussière. C’est sous un gros nuage que s’est démenée la foule, au son du groupe anglais Horace X, une formation haute en couleurs et en rythmes, qui s’est produite à deux reprises au cours de la fin de semaine. Un autre groupe endiablé a provoqué les déhanchements avec son ska nouveau genre bien sonné. Mad Bomber Society, un septuor d’Edmonton, a fait vibrer ses trompettes, saxophones et trombones jusqu’aux petites heures de la nuit de samedi à dimanche.
En somme, une programmation qui a plu tant aux jeunes qu’aux moins jeunes. Cette édition de Folk on the Rocks prouve encore une fois que la population du Nord tisse des liens particuliers avec la musique, surtout lorsque Dame nature ne fait pas de caprices.
