Phan Van Tran a 73 ans. Mécanicien de formation, il s’est établi à Yellowknife, il y a cinq mois, pour donner un coup de main à sa fille, qui venait d’ouvrir un restaurant, le Taste of Saigon. « Elle avait l’intention, depuis longtemps déjà, d’ouvrir un restaurant, et elle n’en avait pas l’occasion », d’expliquer, en français, le fier père, notant qu’une fois que le local a été trouvé, l’ouverture du restaurant devenait réalité.
C’est au Viêt-Nam, alors qu’il était enfant, que Phan Van Tran a appris le français. « J’ai étudié à la Providence, dans le centre du Viêt-Nam. Ensuite, en 1953, je suis allé en France et je suis resté là-bas pendant plus de huit ans et demi », raconte-t-il. C’est en France que M. Van Tran a appris la mécanique générale.
À la fin des années 1960, ses talents de mécanicien étaient mis à contribution. En 1969, alors que les États-uniens débarquent pour combattre le communisme, M. Van Tran est mobilisé et devient commandant dans l’armée de l’air viêt-namienne. « À ce moment-là, tous les hommes de 19 et 20 ans étaient mobilisés. J’ai alors demandé au président de l’Institut de Providence de me faire entrer dans l’école de l’armée de l’air. Je ne voulais pas être un combattant sur la ligne de feu », raconte-t-il.
Après la guerre, Phan Van Tran décide de s’installer aux États-Unis. « Mais je considérais que les États-Unis étaient trop durs et j’ai lu dans un journal que le Canada était un grand pays, riche, avec peu de population. J’ai donc demandé à venir ici, on m’a interviewé et accepté », dit-il.
M. Van Tran s’installe donc à Calgary en 1975. Pour nourrir ses neuf enfants, il travaille pour une compagnie qui fabrique les mèches qui serviront aux tuyaux d’écoulement d’eau pour les routes et les plafonds.
Aujourd’hui, il travaille avec sa famille, aidant sa fille pour que le restaurant fonctionne. « Il y a quelques rumeurs qui laissent entendre que ce restaurant est très bien », dit-il d’un ton à la fois fier et modeste.
Lorsque le restaurant sera définitivement sur la voie du succès, M. Van Tran retournera à Calgary, avec le souvenir d’un hiver dans le Grand Nord canadien. Ensuite, il ira visiter son pays d’origine. « Ça a beaucoup changé là-bas. La vie y est maintenant belle. La ville est complètement nouvelle et il y a eu de la construction, les routes sont bien faites et il y a beaucoup de grands hôtels », de mentionner celui qui y est déjà retourné trois à quatre fois.
