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le Vendredi 22 octobre 2004 0:00 Culture

Elle lance son premier album dans le Nord

NEeMA

Elle lance son premier album dans le Nord

NEeMA

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De 1999 à 2001, Nadine Neemeh occupait la fonction de gérante du conseil de bande de Wekweti. Passionnée de musique, ce séjour dans la petite communauté tlicho lui aura permis de s’imprégner de la culture dénée et d’en incorporer plusieurs éléments sur son premier album, intitulé Masì.

Née de parents libanais ayant grandi en Égypte, c’est à Montréal que Nadine Neemeh, maintenant connue sous le nom de NEeMA, voit le jour. Ayant commencé ses études en gestion à l’université McGill, elle profite d’un programme d’échange pour terminer son baccalauréat de gestion en Australie.

À son retour à Montréal, elle commence à regarder les offres d’emploi. « J’ai vu quelque chose pour les communautés dogribs. Je me suis dit que c’était une bonne façon d’utiliser mon bac, parce que j’avais toujours regretté d’avoir étudié là-dedans. Ça ne venait pas me toucher et je ne savais pas ce que je ferais avec ça. En même temps, ça semblait un super bon défi et j’aimais beaucoup voyager, il s’agissait donc d’une opportunité de rencontrer un nouveau peuple et une nouvelle culture » de relater celle qui, à l’époque, hésitait entre retourner en Égypte ou accepter l’emploi à Wekweti.

« Je me suis dit que de vivre dans une communauté isolée me donnerait l’opportunité d’écrire et de pratiquer ma musique », de se souvenir la jeune femme qui collabore maintenant avec le Conseil des dogribs signataires du traité numéro 11, dans la mise en œuvre de l’Accords sur les revendications territoriales et l’autonomie gouvernementale.

À l’écoute du premier disque compact de NEeMA, l’influence qu’a eue la communauté dogrib sur son art est indéniable. D’abord, l’album commence et se termine par une « chanson-prière ». « Il y a aussi une chanson écrite pour les gens de la communauté et qui parle donc vraiment des gens du Nord », fait remarquer NEeMA, qui a inclu plusieurs vers en dogrib sur son album, en plus d’une touche de français. « J’aimerais écrire plus en français et ça n’aurait pas été une très bonne projection de la personne que je suis s’il n’y en avait pas eu sur l’album ».

Les auditeurs septentrionaux de l’album de NEeMA pourront reconnaître les voix de Leela Gilday, de Tanya Tagaq et de l’aîné Alexis Arrowmaker. Une fillette de Wekweti figure aussi sur l’album. Enfin, Pat Braden y est allé de sa contribution à la contrebasse, tout comme Norman Glowach à la batterie. Une partie de l’album de NEeMA a d’ailleurs été enregistrée aux studios Spiritwalker de M. Glowach, à Yellowknife.

À l’origine, la bourse du Conseil des arts des TNO obtenue par NEeMA était pour la production d’un démo. « J’ai commencé à enregistrer à Yellowknife il y a un an et demi ou deux ans. Ensuite, je me suis dit que c’était un album que je voulais faire et j’ai rencontré mon copain, qui est un excellent musicien, à Montréal. Nous avons commencé à collaborer et nous avons plongé là-dedans », raconte l’artiste qui a produit elle-même son album et qui a travaillé à la réalisation en collaboration avec son partenaire, François Turgeon.

Difficile de décrire la musique de NEeMA. Incorporant plusieurs sonorités émanant de différentes cultures, l’album se veut un véritable voyage autour du monde. Quant aux paroles, aussi écrites par NEeMA, elles vont chercher la fibre humaine de l’auditeur. « Le message est très important. Ma conscience a été élevée par des musiques que j’ai écoutées. J’aimerais faire ça pour les autres aussi. Je veux vraiment rejoindre les gens, les toucher, les réveiller. Ce n’est pas un secret que notre monde est dans un état assez fragile en ce moment et il y a des choses qui se passent qui sont débiles et ridicules. Je voudrais vraiment aider et être quelqu’un qui fait une différence et qui aide les gens à passer à l’action. Je pense que mes paroles sont probablement une des plus grandes forces de ma musique », dit-elle. La pièce Break the cycle, dont une partie est en français, en est un exemple frappant. L’auteure-compositeure-interprète y dénonce notamment la guerre d’Irak et le pouvoir exercé par les grands de ce monde.

Avec ce premier album, NEeMA vise haut. Si on lui demande ce qui pourrait lui arriver de mieux au niveau de sa carrière, l’artiste rêve de succès pour des raisons altruistes. « Je veux avoir beaucoup de succès, pas seulement comme divertissement, mais aussi pour enseigner, ou faire prendre conscience aux gens. J’aimerais contribuer à donner de l’espoir aux gens et à faire du monde un meilleur endroit ».

Mais pour l’instant, NEeMA doit se concentrer sur les détails concrets qui lanceront sa carrière. Tout d’abord, elle doit songer à un lancement officiel dans la ville où elle habite, Montréal, avant de faire de même dans les autres villes majeures au Canada. « Le prochain défi est de trouver comment rejoindre les gens, me faire connaître et faire circuler l’album. L’idéal serait de gagner des prix pour attirer l’attention des gens. La stratégie reste à être définie et c’est ce que je suis en train de faire. Je veux définitivement que ça sorte du Canada. Je pense qu’il y a du potentiel en Europe et aux États-Unis, mais il faut trouver les bonnes personnes pour m’aider », dit-elle.

De plus, NEeMA projette, pour très bientôt, de faire des spectacles. « Ça commence. Nous sommes en train de monter un groupe avec François Turgeon à la basse et Nicolas Grégoire à la batterie. J’aimerais aussi trouver un guitariste et un claviériste. On pratique régulièrement et on peaufine un spectacle », annonce-t-elle.

À Yellowknife, il est possible de se procurer le disque de NEeMA au magasin de disques du Centre Square Mall.