le Vendredi 28 novembre 2025
le Vendredi 21 janvier 2005 0:00 Culture

Un feu (très) roulant

Un feu (très) roulant
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N’abusez pas du café avant de vous rendre au Ciné-club cette semaine. C’est indiscutable : Grégoire Moulin contre l’humanité vous tiendra éveillé toute la soirée.

Avec un nom comme celui-là, on ne pouvait s’attendre qu’à une comédie déjantée ou à un obscur documentaire sociologique. Heureusement pour notre moral éprouvé par la grisaille hivernale, c’est bel et bien d’un film humoristique qu’il s’agit. Et pas n’importe lequel ! Ce premier long-métrage réalisé par l’acteur français Artus de Penguern (Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain), cumule les rebondissements comme le Parti libéral les scandales.

Grégoire Moulin (de Penguern qui s’est humblement décerné le premier rôle) est un type maladroit, inadapté, méprisé et, pour tout dire, pathétique. Déterminé à séduire une fille qui lui a tapé dans l’œil, il lui propose un rendez-vous dans un café de Paris. Or ce banal engagement l’entraînera dans une succession improbable de péripéties toutes plus abracadabrantes les unes que les autres. Eh là, si je dis « péripéties », c’est faute de synonyme adéquat et par crainte de vous esquinter les yeux à suremployer italique et soulignement. À toutes les deux minutes tout au plus, une nouvelle tuile s’abat sur le héros qui s’applique avec brio à repousser les limites de l’empêtrement.

Avec pareil scénario, il aurait été difficile de se passer du montage nerveux que nous assène de Penguern. Un montage à l’américaine, quoique couplé d’une facture européenne, qui pourrait rappeler le style emporté de Gérard Krawczyk (Wasabi, Taxi II).

Avec un humour vaguement inspiré du burlesque à la David Zucker (Airplane, Top Secret, The Naked Gun, etc.), le réalisateur en profite pour tirer à boulet rouge sur le « foot » et ses supporters fanatiques. Plusieurs gags concernent, en effet, l’amour maladif des Français pour le ballon rond et il faut une certaine connaissance de ce phénomène sans équivalent ici pour bien les saisir.

La grande force de ce film, puisqu’il en faut une, réside probablement dans sa vaste gamme de personnages stéréotypés. Du médecin bisexuel au flic violent, en passant par l’amoureuse tragique et le chef de gang, il y en a presque autant que de situations impossibles.

Non, ce film ne passera pas à l’histoire. Mais au rythme supersonique auquel se bousculent les revirements de situation, on n’a tout simplement pas le temps de s’ennuyer.

Grégoire Moulin contre l’humanité sera projeté mercredi le 2 février, à 19 h 30, à l’École Allain St-Cyr. Comme d’habitude, l’entrée est gratuite.