le Samedi 7 juin 2025
le Jeudi 15 mai 2014 17:06 Culture

Arts Le Conseil des arts nécessite plus d’argent

Arts Le Conseil des arts nécessite plus d’argent
00:00 00:00

Le Plan stratégique du Conseil des arts bien reçu dans le milieu artistique
 

Le Plan stratégique du Conseil des arts des Territoires du Nord-Ouest a reçu un accueil très favorable de la part de la communauté artistique, mais c’est à l’usage qu’on pourra juger la qualité des mesures mises de l’avant. Et il faudra un budget accru pour les réaliser.
« On ne peut pas être contre la vertu », illustre la praticienne en arts visuels Alison McCreesh, qui siège aussi au conseil d’administration du Yellowknife Art Run Community Centre (YK ARCC). « C’est un plan très ambitieux, mais nous avons besoin d’aller dans cette direction », affirme le directeur général de Western Arctic Moving Pictures (WAMP), Jeremy Emerson. Tous deux saluent avec joie le projet du CDA de soutenir directement les organisations artistiques alors qu’actuellement, celles-ci doivent présenter annuellement des projets pour être financées. Un fonds de roulement ferait toute la différence, assure Alison McCreesh, tandis que Jeremy Emerson rappelle que les organisations artistiques nécessitent davantage de soutien et qu’en dehors de Yellowknife, elles luttent vraiment pour leur survie.

Échéances et guichet unique
Il faudra encore attendre pour voir si cette idée sera mise à exécution, mais le coprésident du CDA suggère deux dates butoir par année plutôt qu’une pour les demandes de bourse, afin de raccourcir l’écart entre la demande et la réponse du jury. Cette idée fait l’unanimité chez les personnes interrogées. « Le temps d’évaluation [entre quatre et six mois] est un point sensible, relate le directeur du WAMP, qui retarde beaucoup la réalisation des projets . » « Ça a toujours été un problème, surenchérit le poète et journaliste Batiste Foisy. En attendant ta bourse, tu ne faisais rien, ou tu engageais tes propres économies. » Il ajoute que le futur système devra permettre aux artistes ténois de demander des subventions pour des événements ponctuels, par exemple un festival à l’extérieur des TNO. Le principal reproche qu’il adresse au Plan stratégique du CDA est d’ailleurs de ne pas assez mettre d’accent sur le soutien au rayonnement national et international des artistes locaux, comme Digawolf.
Le Plan stratégique propose de canaliser au CDA l’enveloppe budgétaire des arts, actuellement dispersée à travers ministères et agences gouvernementales, ce qui causerait de la confusion. Le concept reçoit un accueil mitigé des artistes interrogés. « Le ministère de l’Industrie, du Tourisme et de l’Investissement s’occupe de subventions où l’art et les affaires se recoupent, de noter Jeremy Emerson, alors ça peut être confondant pour certains. Mais le système actuel fonctionne bien pour WAMP, on ne peut se plaindre. » Le directeur de l’organisme s’interroge quant à savoir si un guichet unique ne pourrait pas se retourner contre les artistes, alors que dans la situation actuelle, ils peuvent théoriquement avoir des subsides de différentes antennes gouvernementales.
Alison McCreesh et Batiste Foisy avancent que l’idée est intéressante, mais qu’on ne pourra en juger qu’à l’usage.

Davantage d’argent
Le corollaire de cet accroissement des activités du Conseil des arts des TNO serait une augmentation substantielle du budget de fonctionnement de l’organisme… et il en faudrait également plus pour les artistes. « Nous avons fait beaucoup de progrès dans les dernières années, constate Jeremy Emerson, mais il faudra plus d’argent pour arriver au niveau des autres provinces. Le ministère de l’Éducation, de la Culture et de la Formation, par exemple, a un programme où nous sommes de plus en plus de gens à se partager de moins en moins d’argent. » Même lecture de la situation chez Batiste Foisy, qui considère que de plus en plus d’artistes ténois n’arrivent pas à avoir du financement ou en reçoivent très peu. Dans le Plan stratégique du CDA, on suggère d’investir dans les arts une partie des revenus des loteries au lieu de tout engouffrer dans le sport.
Les trois artistes sondés considèrent que le jury du CDA devrait être composé au minimum d’un artiste œuvrant dans la discipline où on accorde des bourses. « Idéalement, affirme Alison McCreesh, il faudrait qu’ils soient tous des pairs, mais dans le concret, ça nuirait à leurs propres demandes de bourse. » « Partout ailleurs au Canada, s’insurge Batiste Foisy, les artistes sont jugés par leurs pairs. Je trouve arrogant de croire qu’aux TNO, nous sommes meilleurs en permettant à des non-pairs de juger. Il [le CDATNO] défend l’indéfendable. À la limite, on pourrait inventer une recette mélangeant la représentation par région et par secteur artistique. »
En dernière analyse et en son nom personnel, Alison McCreesh s’inquiète de l’importance que le CDA semble vouloir accorder au caractère nordique des œuvres. « On ne devrait pas avoir à se plier à cette contrainte », avance-t-elle. « Le northern art, on a parfois l’impression que ça doit être cliché, déplore Batiste Foisy. Ça vient d’ici, point. »