L’artiste fransaskoise vient aux TNO pour présenter le spectacle Assez French. Les concerts seront suivis de la projection d’un court-métrage et de discussions avec le public.
Il s’agit d’une série de spectacles réunissant des chansons, des films et des discussions sur l’identité francophone. Alexis Normand sera à l’École Boréale de Hay River, le mardi 21 février. Le lendemain, elle monte à Yellowknife pour une représentation privée à l’école Allain St-Cyr, et, plus tard, vers 19 h 30, elle se produira à la loge Elks.
Lors d’une conversation avec Médias ténois, Alexis Normand promet des spectacles en trois parties. « Dans un premier temps, on peut s’attendre à des chansons, je vais chanter de nouvelles chansons de mon répertoire en français, et certaines tunes en anglais aussi. C’est de la musique folk inspirée du jazz, c’est intime et reposant comme musique. Les spectacles sont accompagnés de projections. »
La partie musicale doit durer à peu près 40 minutes. Aura ensuite lieu la projection du court-métrage Assez French. Le film, également réalisé par Alexis Normand, est un documentaire de 18 minutes qui « explore plusieurs thématiques abordées en chansons et l’identité francophone ». Assez French « c’est l’histoire de ma famille et de comment on fait pour transmettre la langue et la culture de façon intergénérationnelle en Saskatchewan », explique l’artiste.
Après le film, dans un troisième temps, Alexis Normand propose d’animer une conversation avec le public « parce que, souvent quand je raconte mon histoire via la musique et celle de ma famille via mon film, les gens ont des choses à dire et veulent partager leur histoire aussi ».
L’interaction avec le public est fondamentale, note-t-elle. « Je veux faire ces spectacles pour parler aux gens, pour partager nos expériences. On va se revoir dans les expériences des autres. »
L’idée derrière tout ça, poursuit-elle, « c’est de pouvoir célébrer la diversité des identités francophones, de célébrer toutes les façons dont les gens et les familles vivent leur français, et de faire vivre la culture et leur identité francophone. Donc, on peut s’attendre à une soirée touchante et validant ».
L’artiste affirme que son art, en chanson ou en film, « raconte mon histoire personnelle et mon chemin identitaire ». Alexis Normand raconte qu’elle a grandi dans un foyer exogame. Sa mère est anglophone et son père est francophone « mais il est pas mal assimilé. Il s’exprimait un peu en français quand j’étais jeune, mais la langue dans notre foyer, c’était l’anglais. »
« Je suis de la première génération en Saskatchewan qui a eu le privilège d’accéder à des écoles francophones grâce à un mouvement activiste chez les Fransaskois dans les années 70 et 80. » À présent, Alexis avoue qu’elle ne se sent pas anglophone et que son identification à la francophonie est une réalité qui apporte « des tensions et des nœuds. »
« [Il existe] un grand nœud par rapport à mon insécurité linguistique. Pas dans le sens où j’ai peur que mon français aille disparaitre, mais plus dans le sens où je ne me sens pas confiante par rapport à mon accent », confie l’artiste.
Cette insécurité l’a déjà fait se sentir « mal à l’aise ». L’artiste raconte : « J’ai toujours pensé que je n’ai jamais été forte en français. Quand j’étais à l’université, j’ai suivi toutes sortes de cours de grammaire de français pour pouvoir m’améliorer. C’est aussi pour ça que j’ai commencé ma carrière en français. […] Mais il y avait toujours des commentaires à l’égard de mes textes, comme quoi ils n’étaient pas assez bons, alors que les choses qu’on identifie dans mes textes sont plus des expressions régionales ou les mots avec lesquels j’ai grandi ».
L’interaction avec le public est fondamentale, confie l’artiste. « Je veux faire ces spectacles pour parler aux gens, pour partager nos expériences. On va se revoir dans les expériences des autres. »
(Crédit photo : Nicole Romanoff Photography)
Mais il y a une autre tension, avoue-t-elle. Une tension encore plus grande. « C’est le sentiment d’être imposteur à mon identité francophone », assume Mme Normand.
« Parce que je viens d’une famille exogame, j’avais l’impression de ne pas être une francophone au complet. Et ce n’était pas juste un feeling, les gens pensaient ça quand j’étais petite et ça jouait aussi un peu sur ma confiance, ma capacité de m’affirmer comme francophone de tout cœur, toute mon âme et toute ma tête, pas juste la moitié. »
La chanteuse viendra présenter les chansons issues de son nouvel album, qui sortira cette année. C’est un album bilingue, avec des chansons en français et anglais. « Le français est la langue qui me vient à l’esprit en premier, mais je laisse la porte ouverte aux deux », conclut-elle.