L’artiste francophone Annie Maheux présente la performance Échanges Thermiques à Yellowknife. Le public est
invité à explorer différents éléments sensoriels qui vont jouer avec la perception de ce qui est chaud ou froid.

Comment peut-on amplifier nos sensations en jouant sur les contrastes thermiques des aliments ? De quelle façon une réaction physique détermine-t-elle nos émotions ? Par quelles impressions notre perception est-elle portée lorsque nous passons du chaud au froid ou inversement ?

Toutes ces questions sont explorées dans la performance Échanges Thermiques, que l’artiste francophone Annie Maheux propose ce samedi 18 mars à Yellowknife.

« C’est une performance qu’on pourrait qualifier de théâtrale, mais aussi de participative » explique l’artiste. Et elle ajoute : « Le public est invité à entrer dans un univers dont le thème est le contraste et le parallèle chaud/froid. On utilise la nourriture comme thème et comme matériel. »

L’artiste Annie Maheux, créatrice de la performance

(Crédit photo: courtoisie)

Le plan d’action est simple. L’artiste et les participants se rencontrent près du château de neige, sur la baie de Yellowknife. De là, Annie Maheux donne les indications pour découvrir les étapes. « Les gens sont invités à m’accompagner et à marcher dehors, en se déplaçant à travers la glace de station en station, jusqu’à la fin, qui sera une surprise », déclare-t-elle.

Pendant ce trajet, l’artiste présentera « différents éléments sensoriels qui vont jouer avec la perception de ce qui sera chaud ou froid ».

Annie Maheux veut semer une mosaïque de sensations et de contrastes. Elle cherche également à stimuler la recherche de tout un potentiel synesthésique. « Le chaud et le froid vont au-delà de la sensation physique, c’est aussi se sentir dans une ambiance », rapporte-t-elle.

« L’idée est [d’offrir] une symphonie sensorielle », essaie-t-elle de synthétiser. « Cela peut sembler un peu prétentieux de dire symphonie, mais c’est juste pour expliquer qu’il y a différents instruments qui arrivent à différents moments, et différents outils », poursuit-elle.

La créatrice de la performance tient à souligner qu’elle souhaite « accueillir les gens avec une certaine douceur et leur lancer un défi, mais toujours avec une bienveillance perceptible ». Le nom de la performance reflète ainsi la démarche de la créatrice : « Je n’ai donc pas appelé la performance chocs thermiques, mais Échanges Thermiques. »

Plus loin que l’ouïe et la vue

Annie Maheux rappelle que les performances sont généralement audiovisuelles, soulignant ainsi que sa démarche va un peu plus loin. « Lorsque j’ajoute de la nourriture, mon message va littéralement à l’intérieur des gens. Cela crée des effets, sur le spectateur, qui sont physiques et souvent subconscients. Je veux vraiment toucher les gens d’une manière qui va au-delà des mots. »

Échanges Thermiques est une performance inspirée par le courant artistique Eat Art, un mouvement créé dans les années 60 par l’artiste plasticien Daniel Spoerri. Annie dit avoir été fascinée dès son premier contact avec cet univers. Cela s’est passé lors d’un cours d’histoire de l’art au CÉGEP du Vieux Montréal.

« J’ai choisi la performance parce que j’ai trouvé que ça allait bien avec la nature éphémère de la nourriture. J’ai aussi choisi de le faire d’une manière très hospitalière », raconte-t-elle.

Quelque temps après ce moment déterminant, et afin de progresser en tant qu’artiste dans cette discipline, elle a décidé d’étudier le design de théâtre à l’Université Concordia.

Elle a pu ensuite intégrer l’Institut du Tourisme et Hôtellerie du Québec pour suivre un cours de 3 ans de Cuisine professionnelle enrichie. « C’est l’une des meilleures écoles de cuisine de Montréal, très basée sur la gastronomie, les étoiles Michelin. On avait même nos chapeaux de chef, c’était quelque chose de très classique », décrit-elle.

Ces cours ont été suivis d’une série d’expériences dans différentes cuisines d’hôtels et de restaurants. « J’ai beaucoup appris sur l’industrie culinaire, un monde que j’aime aussi évoquer dans mon art, souvent de manière militante pour essayer d’améliorer les conditions de vie des cuisiniers ».

Après de nombreux voyages et de nombreuses expériences en Afrique du Sud, en Allemagne et aux Pays-Bas, Annie s’est finalement installée à Whitehorse, au Yukon. « Et quelle ne fut pas ma surprise de trouver un public prêt à tout faire, un public qui n’a peur de rien et qui s’emballe dans les performances, et, aussi, un support de la part des institutions pour grandir en tant qu’artiste. »

Il y a quelques mois, Annie Maheux s’est rendue à Yellowknife : « J’ai eu un coup de cœur et l’impression que c’est une ville sœur de Whitehorse, avec la même excellente audience. »

La performance a lieu ce samedi 18 mars entre 13 h et 15 h. La participation est gratuite, mais il faut réserver sa place sur le site web.