le Mardi 2 septembre 2025
le Jeudi 30 mars 2023 12:14 Culture

Tragédie et humour en français !

Tragédie et humour en français !
00:00 00:00

Apparence, évidence, réalité ? L’incertitude et le faux-semblant règnent en maitre dans cette pièce énigmatique de la troupe du Théâtre du 62e parallèle. L’affaire Donovan MacPhee, mise en scène par Annie Larochelle, sera présentée les 30 et 31 mars au NACC.

L’histoire se déroule aux États-Unis au début des années 1980. Une famille très riche possède un empire dans l’industrie alimentaire – de grands fabricants de ketchup – lorsqu’un épisode violent vient bouleverser leur quotidien : une personne en tue une autre, pour une raison inconnue. Il faut maintenant démasquer le coupable.

Ainsi se résume la prémisse de l’intrigue de L’affaire Donovan MacPhee, dont le texte est signé Frank Didier et dont la mise en scène est faite par Annie Larochelle. La pièce, qui sera présentée les 30 et 31 mars au NACC de Yellowknife, est le fruit du travail du Théâtre du 62e parallèle, la nouvelle compagnie de théâtre franco-ténois. Quelques places demeurent encore disponibles.

« C’est une famille qui donne l’impression de vivre avec beaucoup d’amour, mais qu’en réalité il y a plein de petites affaires qui se passent et chacun a une double vie dedans », décrit Annie Larochelle, qui depuis sept mois gère la troupe de neuf talents.

Lors de la première réunion de la compagnie, les membres ont discuté du genre de texte sur lequel ils devaient travailler ensemble. « On avait quelques idées de pièces de comédie, mais on s’est dit que ce serait une bonne idée d’avoir un meurtre. On a commencé à chercher et nous sommes tombés sur cette pièce ici », raconte la metteuse en scène.

Ce qui l’a le plus attirée dans ce texte ? « Le côté parodique, avoue Mme Larochelle. On parodie les soaps américains, et c’est ça que nous avons trouvé intéressant. On peut s’amuser avec cette pièce. Je ne veux pas dire qu’on veut la rendre très comique ou clownesque, mais on peut vraiment exagérer les personnages. »

« J’aime le fait qu’il s’agisse d’un murder mystery, et la balance entre le comique et l’intellectuel », affirme à son tour Clémentine Bouche, une Française arrivée à Yellowknife en aout et qui fait du théâtre pour la première fois. Elle interprète le rôle de l’Inspecteur Bradigan, le hérisson perspicace, un personnage « avec l’humour un peu décalé » qui part à la recherche de l’auteur du crime tandis que « le spectateur va toujours se demander qui a fait quoi et à quel moment ».

« Ça garde les gens en haleine pour savoir ce qu’il va se passer », ajoute Valérie Garçon. La comédienne a participé à la pièce de l’année dernière, Les Voisins, et a tellement apprécié l’expérience qu’elle n’a pas raté cette opportunité de remonter sur scène.

Cette fois-ci, elle incarne Dwayne, le tigre intègre, « un homme à qui tout le monde fait confiance, très gentil, très sérieux et fier ».

Deux jours avant la première, la metteuse en scène se réjouissait du travail et de l’engagement de ses acteurs au cours des sept derniers mois. Elle raconte qu’il n’y a pas que les répétitions qui rendent la pièce complète, mais aussi les séances d’accompagnement individuel et tout le travail que chacun a fait chez soi, en mémorisant le texte, en perfectionnant son langage corporel devant le miroir.

« Il faut qu’ils entrent dans leur rôle, il faut qu’ils donnent une couleur au personnage, explique Annie Larochelle. C’était beaucoup d’heures d’investissement de la part de chaque acteur et c’est un dévouement extraordinaire parce que personne n’est payé ici, c’est que du bénévolat et des gens passionnés. Je lève mon chapeau, les acteurs ont fait un travail extraordinaire. »

Une compagnie pleine d’ambition

La nouvelle compagnie, le Théâtre du 62e parallèle est, pour l’instant, en cours de structuration. C’est un projet de l’Association franco-culturelle de Yellowknife « et on devrait bientôt faire un lancement formel », commente Batiste Foisy, chargé de la programmation et des communications de l’AFCY.

(Crédit photo: Cristiano Pereira)

La compagnie est le fruit d’un engouement croissant pour l’art dramatique dans la communauté franco-ténoise depuis trois ans. « On assiste à une espèce de renouveau du théâtre », affirme Batiste Foisy. Il suggère que ce pourrait même être la pandémie qui a créé la nouvelle dynamique. Devant l’impossibilité de faire venir des comédiens de l’extérieur du territoire, la communauté francophone, et plus particulièrement certains membres de l’AFCY, ont décidé de se retrousser les manches et de se lancer dans la production de pièces de théâtre. En 2020, il y a eu une production des Monologues du Vagin. L’année dernière, c’était l’adaptation de la pièce Les Voisins qui voyait le jour.

 

Batiste Foisy raconte que l’AFCY a recherché un financement auprès de Patrimoine canadien pour pouvoir poursuivre les projets. L’idée est de créer des bases solides afin que la dynamique des Arts dramatiques aux TNO ne soit pas seulement des opérations ponctuelles, mais plutôt une stratégie à long terme, solide.

« On a lancé cette compagnie pour avoir une structure qui permet aux gens de pouvoir lancer et de réaliser des projets en art dramatique. La compagnie Théâtre du 62e parallèle veut s’affirmer comme l’entité qui permet aux créateurs franco-ténois de se retrouver autour de la création dramaturgique où il y a plein de formes d’art différentes, des gens qui écrivent, des gens qui font de la mise en scène, des gens qui jouent ou du monde qui peut faire de la peinture pour les décors. »